Page:Francisco de Holanda - Quatre dialogues sur la peinture - 1548-1911.djvu/10

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
II
FRANCISCO DE HOLLANDA

Surmontées de la sphère armillaire, les colonnes se tordirent comme des câbles ; les pinacles pointèrent comme des mâts ; les agrès des navires se contournèrent en entrelacs aux façades des édifices, s’appliquèrent aux voûtes en nervures. Et, mises en valeur par le prestige de l’art, ces images, banales à force d’être familières, étonnaient maintenant par leur originalité, par leur signification inattendue. Bientôt les compagnons de Gama apportèrent de l’Inde des éléments nouveaux d’ornementation. Les échauguettes de la tour de Belem ont dû se refléter dans les eaux du Gange bien avant de se mirer dans celles du Tage ; tel portique des capellas imperfeitas, à Batalha, semble avoir servi de cadre aux pages d’un calligraphe hindoustani ou persan.

De ces éléments exotiques, alliés aux symboles de l’activité maritime, un style était né, voisin encore que tout à fait distinct du plateresque espagnol, style de transition, mais éminemment national, et dont l’élégance quelque peu redondante sut exprimer à merveille l’âme portugaise de ce temps.

C’est sous le règne d’Emmanuel le Fortuné (1495-1521) que ce style acquit toute la perfection dont il était susceptible, aussi l’a-t-on appelé style manuelin. L’église de Belem en est le type le plus carac-