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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/46

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de Gebelin, Arcère et Pierre de Marca ; puis recherchant l’origine de ces malheureux, il nie que les Cagots de la Gascogne descendent des Alains, ou des Sarrazins. « Des Arabes, s’écrie-t-il, livrés à eux-mêmes dans des lieux reculés, n’auroient-ils rien conservé de leur langage, de leur religion et de leurs mœurs ? » Ramond examine ensuite le degré de confiance à accorder aux traditions qui s’obstinent à conserver les Goths pour ancêtres aux peuplades en question ; et, après s’être trompé sur l’opinion de P. de Marca[1], il se range de Paris de ceux qui voient dans les Cagots des descendants des Wisigoths. Il ne croit point, avec le prélat qui vient d’être nommé, que le nom de ces infortunés dérive de Caas Goths, Chiens de Goths, car Cacous et Cahets ne sauraient en venir ; mais il pense que les Wisigoths, tous ariens, ayant été, pour les Gaulois et les Francs orthodoxes, un objet de scandale et d’aversion, ont pu, dès le temps de Childeric Ier, être nommés Cagots, Cahets, Caffos, c’est-à-dire, selon Court de Gebelin, ladres et infects ; « car, ajoute-t-il, on n’a pas attribué le parfum à la sainteté, sans réserver l’infection à l’hérésie. » Plus loin, Ramond déclare que rien ne s’oppose à ce que les Cahets de Bordeaux soient des Alains, comme les Coliberts de l’Aunis, et il trace ainsi les diverses périodes de la triste histoire des Cagots : « Le refus des sacrements de l’église et de la sépulture des Chrétiens, fut la suite naturelle du ressentiment du clergé long-temps persécuté. On éloigna ces ariens des communautés, parce qu’ils étoient schismatiques, non parce qu’ils étoient lépreux. Ils devinrent lépreux, quand une dégénération successive, apanage naturel d’une race vouée à la pauvreté, et qui ne pouvoit se mêler avec d’autres races, y eut naturalisé

  1. « Seroit-ce donc des Goths,… comme l’a cru M. de Marca ? » On sait que le savant évêque de Conserans pensait, au contraire, que les Cagots provenaient de Sarrazins restés en France après la bataille de Tours.