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Page:Francisque-Michel - Histoire des races maudites, tome I.djvu/83

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Une ruelle, appelée en patois ech goûté des Cagots, prouve que cette race a réellement existé à Saint-Béat. Si l’on examine cette ruelle, isolée d’une rue principale, et dont la communication avec la ville pouvait être empêchée par une porte aujourd’hui démolie, on en aura une nouvelle preuve. Toutes les maisons portent l’empreinte de la misère, et de temps immémorial des charpentiers ont composé la majeure partie de leurs habitants. Les crétins et les goitreux, que le peuple confond presque toujours avec les Cagots, sont également représentés à Saint-Béat et dans les villages voisins par quelques familles, dont les membres se font remarquer non seulement par leur état d’idiotisme, leurs goitres et d’autres défectuosités physiques, mais par l’absence du prolongement inférieur de la membrane auriculaire, et un penchant invétéré pour un vice qui ne fait qu’aggraver leur état.

Il existe encore à Saint-Bertrand, chef-lieu de canton dans l’arrondissement de Saint-Gaudens, quatre ou cinq familles de Cagots métis, c’est-à-dire dont le père ou la mère seulement appartenaient à cette race : il n’est donc pas étonnant qu’elles n’offrent aucun caractère particulier, à l’exception d’une seule chez les individus de laquelle on remarque, plus que chez les autres, des oreilles velues comme celles des ours. Les Cagots, ou plutôt les Capots de Saint-Bertrand, n’étaient pas mieux traités que ceux du Bigorre, du Béarn et de la Gascogne, dont nous aurons bientôt à parler ; comme eux, ils exerçaient exclusivement l’état de charpentier : aussi, dans le pays, capot et charpentier sont-ils encore synonymes. Ils avaient au cimetière commun une place à part, et pénétraient dans l’église, où ils se tenaient à distance des autres fidèles, par une porte particulière, actuellement murée, à laquelle conduisait une étroite ruelle. Au côté droit de cette porte et à l’extérieur il y avait un bénitier que l’on