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PRÉFACE. vij

relève que de la raison. Mais nous soutenons en même temps que, loin d’être une faculté individuelle et stérile, variant d’un homme à un autre et d’un jour au jour suivant, la raison vient de Dieu, qu’elle est comme lui immuable et absolue dans son essence ; qu’elle n’est rien moins qu’un reflet de la divine sagesse éclairant la conscience de chaque homme, éclairant les peuples et l’humanité tout entière sous la condition du travail et du temps.

2°. Nous ne connaissons pas de science sans méthode. Or la méthode que nous avons adoptée et que nous regardons comme la seule légitime, c’est celle qui a déjà deux fois régénéré la philosophie, et par la philosophie l’universalité des connaissances humaines. C’est la méthode de Socrate et de Descartes, mais appliquée avec plus de rigueur et développée à la mesure actuelle de la science, dont l’horizon s’est agrandi avec les siècles. Egalement éloignée et de l’empirisme, qui ne veut rien admettre au-delà des faits les plus palpables et les plus grossiers, et de la pure spéculation, qui se repaît de chimères, la méthode psychologique observe religieusement, à la clarté de cette lumière intérieure qu’on appelle la conscience, tous les faits et toutes les situations de l’âme humaine. Elle recueille un à un tous les principes, toutes les idées qui constituent en quelque sorte le fond de notre intelligence ; puis, à l’aide de l’induction et du raisonnement, elle les féconde, elle les élève à la plus haute unité et les développe en riches conséquences.

3°. Grâce a cette manière de procéder, et grâce à elle seulc, nous enseignons en psychologie le Spiritualisme le plus positif, alliant le système de Leibnitz à celui de Platon et de Descartes, ne voulant pas que l’âme soit une idée, une pensée pure, ni une force sans liberté, destinée seulement à mettre en jeu les rouages du corps, ni quelque forme fugitive de l’être en général, laquelle une fois rompue ne laisse après elle qu’une existence inconnue à elle-même, une immortalité sans conscience et sans souvenir. Elle est à nos yeux ce qu’elle est en réalité, une force libre et responsable, une existence entièrement distincte de toute autre, qui se possède, se sait, se gouverne