Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1844, T1.djvu/14

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
X PRÉFACE.

restés fidèles à nous-mêmes, que cette profession de foi que nous venons d’exposer a été maintes fois trahie ; eh bien, que l’on ne tienne aucun compte des difficultés d’une œuvre comme celle-ci, où les sujets les plus divers se succèdent brusquement, sans autre transition qu’une lettre de l’alphabet ; que l’on nous signale et qu’on nous reproche sévèrement chacune de nos inconséquences. Mais aller au-delà, soupçonner au fond de nos cœurs et arracher de nos paroles, à force de tortures, des convictions différentes de celles que nous exprimons, c’est le lâche procédé de la calomnie. Nous déclarons d’avance que nous n’opposerons à toute attaque de ce genre, que le silence et le mépris.

Cependant, nous avons hâte de le reconnaître, les principes que nous venons de présenter comme la substance de notre œuvre et le fond même de notre pensée, ont aussi des adversaires avoués, sincères, sur qui il est nécessaire que nous nous expliquions ici en peu de mots, non pas tant pour les réfuter, que pour dessiner plus nettement encore notre propre position et la situation générale des esprits, relativement aux questions philosophiques.

Il y a aujourd’hui, en France, des hommes qui ont entrepris une croisade régulière contre la philosophie et contre la raison, qui regardent comme des actes de rébellion ou de folie toutes les tentatives faites jusqu’à ce jour pour constituer une science philosophique indépendante de l’autorité religieuse, et qui pensent que le temps est venu de rentrer enfin dans l’ordre, c’est-à-dire que la philosophie, que les sciences en général, si elles tiennent absolument à l’existence, doivent redevenir comme autrefois un simple appendice de la théologie. Nous ne signalerons pas ici les essais malheureux qui ont été faits récemment en ce genre ; nous ne montrerons pas, comme nous pourrions le faire très-facilement, que la foi n’a pas moins à s’en plaindre que le bon sens ; nous dirons seulement qu’à la considérer en elle-même, la prétention dont nous venons de parler est, au plus haut point, dépourvue de raison. De quoi s’agit-il en effet ? D’étouffer le principe de libre examen dans les choses qui sont du ressort de l’intelligence hu-