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xvj PREFACE.

tion commune d’une école de philosophie à une autre. L’école péripatéticienne du xviie siècle en eut plusieurs, parmi lesquels nous citerons celui de Pierre Godart (Lexicon et summa philosophiæ), public à Paris en 1666, et celui de Allsted (Compendium lexici philosophici), qui parut à Herborn en 1626. L’école cartésienne reçut le sien des mains de Chauvin, qui, tout en admettant la plupart des principes de Descartes, ne sut cependant pas dépouiller les formes arides, ni même les idées de la philosophie scolastique. Cet ouvrage, où les sciences naturelles ne tiennent pas moins de place que la philosophie proprement dite, a paru pour la première fois en 1692, à Berlin, où Chauvin occupait avec distinction une chaire publique. Après l’école de Descartes vient celle de Leibnitz et de Wolf, qui se résume en quelque sorte dans le lexique de Walch. Cet estimable recueil, écrit en allemand et publié pour la première fois à Leipzig en 1726, est de beaucoup supérieur à tous ceux qui l’ont précédé. Il respire un esprit véritablement philosophique ; il admet même, dans une certaine mesure, l’histoire de la philosophie ; mais il est encore trop étroitement lie à la théologie, et l’auteur lui-même, à ce qu’il nous semble, est plus théologien que philosophe.

Nous n’avons à nous occuper ici ni du Dictionnaire historique et critique de Bayle, ni de la grande Encyclopédie du xviiie siècle, dont le but ne saurait être confondu avec le nôtre, et dont l’esprit, suffisamment connu, n’est plus celui de notre temps. Cependant il est bon de remarquer en passant l’influence immense que ces deux monuments, le dernier surtout, ont exercée sur l’esprit moderne. Pourquoi donc, en remplaçant ce qui nous manque du côté du talent par la force de nos convictions et la patience de nos recherches, ne nous serait-il pas permis d’espérer une partie de cette influence au profit d’une cause bien autrement noble que celle du scepticisme et du sensualisme ?

Sur la fin du dernier siècle, de 1791 à 1793, on a publié séparément, augmentés de quelques travaux plus récents, les principaux articles de l’Encyclopédie qui concernent la philosophie proprement dite, ou plutôt l’histoire de la philosophie