Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1852, T6.djvu/336

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
872
THÉOPHRASTE.


Boulliau (in-4° Paris, 1644,), du Manuel arithmétique rédigé par Théon de Smyrne, à l’usage des philosophes platoniciens. Cet ouvrage, important pour l’histoire des spéculations de l’antiquité sur les propriétés des nombres, se compose de quatre-vingt-treize chapitres, dont trente-six, savoir, les chapitres trente-trois à soixante-huit, concernent principalement les nombres musicaux. C’est donc à tort que l’éditeur a divisé cet ouvrage en deux parties, et qu’il a intitulé l’ensemble des soixante et un derniers chapitres περὶ μουσιϰῆς, tandis que c’est là le titre particulier du premier de ces chapitres, et que les vingt-cinq derniers ne concernent nullement la musique. C’est donc à tort aussi que M. de Gelder, en publiant les trente-deux premiers chapitres seulement (in-8°, Leyde, 1827), a cru publier l’Arithmétique de Théon tout entière. Si Théon a réellement composé les traités annoncés par lui sur la géométrie plane et sur la stéréométrie, il n’en est resté aucune trace. La fin du chapitre 93e et dernier de l’Arithmétique manque, et ce chapitre incomplet est suivi d’une annonce du Traité d’astronomie. On connaît deux manuscrits de ce dernier traité, mais qui tous trois offrent les mêmes fautes, extrêmement nombreuses, et les mêmes lacunes : le manuscrit de Paris est une copie du manuscrit très-défectueux de la bibliothèque Ambrosienne de Milan. C’est un manuel d’astronomie, tel qu’un philosophe platonicien pouvait le faire après l’époque d’Hipparque et immédiatement avant celle de Ptolémée. On y trouve une multitude de documents nouveaux et précieux pour l’histoire de l’astronomie, de la philosophie et de la littérature grecque en général, des citations de prosateurs et de poètes perdus, et notamment d’amples extraits des ouvrages astronomiques du péripatéticien Adraste d’Aphrodisie et du platonicien Dercyllides, qui interprétaient diversement les opinions astronomiques de Platon, en tachant de les concilier avec les découvertes d’Hipparque. À la fin de ce traité, on trouve une annonce du Traité sur la musique cosmique, rédigé par notre auteur, surtout d’après les travaux du platonicien Thrasylle de Phlionte ; mais ce dernier traite a péri. L’astronomie de Théon de Smyrne a été publiée pour la première fois, traduite et commentée, par l’auteur de cet article (in-8°, Paris, 1819, Impr. nat.).

Th. H.-M.


THÉOPHRASTE, fils d’un foulon nommé Mélantas, naquit à Érèse, ville maritime de l’île de Lesbos, vers l’an 372 avant J.-C., et mourut à Athènes dans un âge fort avancé, mais qu’il est impossible de marquer aujourd’hui avec précision au milieu des témoignages contradictoires qui nous sont parvenus sur ce sujet. Sa vie, comme celle de presque tous les philosophes célèbres de l’antiquité, ne nous est connue que par des récits incomplets et mêlés de fables. Nous n’en signalerons que les traits les plus importants et les plus vraisemblables. Théophraste fit sa première éducation à Érèse, où il eut pour maître un certain Leucippe ou Alcippe ; puis, étant venu à Athènes, il y écouta d’abord les leçons de Platon, ensuite celles d’Aristote, dont il devint le meilleur élève et l’ami. On lui attribue l’honneur d’avoir deux fois délivré sa patrie de tyrans qui l’opprimaient. Ces glorieux souvenirs se rapportent sans doute à la première période de sa vie ; car, depuis la mort d’Aristote, peut-être même depuis la retraite de ce philo-