Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1875.djvu/184

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

Les ouvrages que l’on peut consulter particu­lièrement sur le beau sont : d’abord quelques dialogues de Platon, tels que le Grand Hippias, le Phèdre, le Banquet et la République. Plotin, Traité sur le Beau, dans le VIe livre de la lrc ennéade, et dans le YIIP livre de la 5e ennéade. Spiletti, Saggio sopra la Bellezza, in-8, Rome, 1756. Crouzas, Traité du Beau, Amsterdam, 1724. Le P. André, Essai sur le Beau, Paris, 1763. Diderot, Traité sur le Beau, dans le recueil de ses œuvres. Marcenay de Ghuv, Essay sur la Beauté, in-8, Paris, 1770.

  • Hutcneson’s Inquirrj into the original of our ideas of Beauty and Virtue, Lond., 1753.Donaldson’s Eléments of Beauty, Lond., 1787.
  • Hogartb’s Analysis of Beauty, etc., Lond., 1753, trad. en français par Jansen, Paris, 1805.
  • Van Beek Calkoen, Euryales ou du Beau, en hollandais. Kant, Traité du Beau et du Su­blime ; Critique du Jugement, dans le recueil de ses œuvres.—Heydenreich, Idées sur la Beauté et la Politesse.Ferd. Delbrück, le Beau, in-8, Berlin, 1800.—Bouterwelk, Idées sur la métaphy­sique au Beau, Leipzig, 1807. Adam Müller, de Vidée de Beauté, in-8, Berlin, 1808. Staeckling, de laNoliondu Beau, in-12, Berlin, 1808.—Vogel, Idées sur la théorie du Beau, in-4, Dresde, 1812 (ail.). Solger, Quatre dialogues sur le Beau et sur VArt, in-8, Berlin, 1815. Krug, Calliope I et ses sœurs, ou Nouvelles leçons sur le Beau dans la nature et dans l’art, in-8, Leipzig, 1805. I
  • Ch. Lévêque, la Science au Beau étudiée dans son principe, dans ses applications et dans son histoire, Paris, 1861, 2 vol. in-8. Chaignet, Principes de la science du Beau, Paris, 1860, in-8. Lamennais, de VArt el du Beau, Paris, 1865, in-12. Voy., pour le complément de la bibliographie du beau, l’article Esthétique.

Les idees sur le beau contenues dans le précé­dent article ont été développées par l’auteur dans son livre : Questions de Philosophie, section V (Esthétique), 2e édit., Paris, 1872. C. B.

BEAUSOBRE (Isaac de) naquit à Niort, le 8 mars 1659, d’une famille noble et ancienne, qui professait le culte réformé. Son père le des­tinait à la magistrature, où, comptant sur la protection de Mme de Maintenon, avec laquelle il avait quelque lien de parente, il espérait le voir parvenir bientôt à une position élevée. Le jeune Beausobre préféra les fonctions ecclésias­tiques. Il _s’y prépara à l’Académie de Saumur, fut nommé pasteur en 1683, et envoyé en cette qualité à Chàtillon-sur-Indre. Mais peu de temps après son installation, la révocation de l’édit de Nantes et les persécutions exercées contre les protestants l’ayant forcé de quitter son pays, il alla chercher un refuge à Rotterdam, passa de là à Dessau en qualité de chapelain de la prin­cesse d’Anhalt, et se fixa définitivement à Berlin, où il occupa plusieurs postes importants. Il mourut en 1738, ayant près de quatre-vingts ans, et récemment marié à une jeune femme dont il eut plusieurs enfants. Beausobre est un théo­logien, un controversiste, et n’appartient à ce recueil qu’à cause du service rendu à l’histoire de la philosophie, surtout de la philosophie reli­gieuse des premiers temps du christianisme, par son Histoire critique de Manichée et du Mani­chéisme (2 vol. in-4, Amst., 1734). Ce travail n’est pas écrit tout entier de la main de Beau­sobre ; le deuxième volume a été rédigé par Formey ; d’après les notes de l’auteur, et il de­vait meme être suivi d’un troisième, qui n’a jamais paru. L'Histoire critique du Manichéis­me sera consultée avec fruit par tous ceux qui voudront connaître l’état des esprits en Orient pendant les premiers siècles qui ont suivi l’avénement du christiatismc. Il y règne une pro­fonde connaissance de l’antiquité ecclésiastique, beaucoup de critique et de sagacité. Malheureu­sement, toutes ces qualités sont gâtées par l’es­prit de secte. De plus, comme on ne connaissait alors ni les Védas, ni le Zend-Avesta, ni le Code Nazaréen, les faits exposés dans l’ouvrage dont nous parlons ont dû nécessairement souffrir de cette lacune. Nous ne parlons pas des œuvres purement théologiques de Beausobre, où règne toute la passion du sectaire persécuté.

BEAUSOBRE (Louis de), fils du précédent, naquit à Berlin en 1730, quand son pere venait d’atteindre sa soixante et onziàme année. Adopté par le prince royal de Prusse, plus tard Frédéric le Grand, il fut élevé au collège français de Berlin, et acheva ses études à l’université de Francfort. Après avoir voyagé en France pen­dant quelques années, il retourna dans la capi­tale de la Prusse, où il fut nommé membre de l’Académie des sciences et conseiller privé du roi. Il mourut en 1783. Louis de Beausobre était un homme d’esprit, doué de connaissances trèsvariées, mais dépourvu d’originalité et de pro­fondeur. Il a laissé divers écrits philosophiques, où l’on retrouve, sous une forme assez vulgaire, les idées sceptiques et sensualistes du xvme siè­cle. En voici les titres : Dissertations philoso­phiques sur la nature du feu et les différentes parties de la philosophie, in-12, Berlin, 1753 ; le Pyrrhonisme du sage, in-8, Berlin, 1754 ; —_ Songe d’Èpicure, in-8. Berlin, 1756 ; Essai sur le Bonheur, introduction à la statistique, introduction générale à la statistique, etc., 2 vol. in-8, Amst., 1765.

BECCARIA (César Bonesana, marquis de), né à Milan en 1735, fut nommé professeur d’éco­nomie politique en 1768, dans sa ville natale, et remplit cette chaire avec beaucoup de distinc­tion jusqu’à la fin de sa vie, arrivée en 1793. Il avait eu le projet de faire un grand ouvrage sur la législation ; mais les critiques injustes dont son Traité des Délits et des Peines fut l’objet l’empêchèrent de donner suite à cette idée. Ses leçons n’ont été imprimées qu’en 1804. Il avait commencé sa carrière d’écrivain en 1764, par la publication d’un journal littéraire et philosophi­que intitulé le Café. Les ouvrages de Montes­quieu, particulièrement les Lettres persanes et VEsprit des lois, déterminèrent sa vocation de publiciste et de philosophe. Son Traité des Délits et des Peines (in-8, Naples, 1764) lui a fait une très-grande réputation. Cet ouvrage, à l’influence duquel est due en très-grande partie la réforme du droit criminel en Europe, particulièrement en France, est l’expression de la philosophie et des sentiments philanthropiques du siècle der­nier. L’auteur s’élève avec force contre les vices de la procédure criminelle, contre la torture en particulier ; il pose les véritables principes du droit pénal, en détermine l’origine, les limites, la fin ; les moyens. Il termine son livre par ce théoreme général, théorème très-utile, ajoute-t-il, mais peu conforme aux usages législatifs les plus ordinaires des nations : « C’est que, pour qu’une peine quelconque ne soit pas un acte de violence d’un seul ou de plusieurs contre un ci­toyen ou un particulier, elle doit être essentiel­lement publique, prompte, nécessaire, la plus légère possible eu égard aux circonstances, pro­portionnée au délit, dictée par les lois. » Il n’est pas partisan du droit de grâce, du moins sous l’empire d’une législation pénale qui serait ce qu’elle doit être. « A mesure, dit-il, que les peines deviennent plus douces, la clémence et le pardon deviennent moins nécessaires. Heureuse la nation dans laquelle l’exercice du droit de grâce