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Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1875.djvu/256

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et admirateur passionné de la révolu­tion française, comme le prouvent ses Lettres de Paris, au temps de la Révolution (in-8, Paris, 1790). Tous ses ouvrages d’éducation ont été publiés séparément (30 vol. in-12, Brunswick, 1807, et 37 vol. Brunswick, 1829-1832).

CANON. Kant appelle ainsi l'ensemble des principes a priori de l’usage légitime de cer­taines facultés de connaître. Or, comme il pré­tend que l’utilité de la raison est toute négative, elle ne saurait avoir de canon ; la raison pratique seule en peut avoir. Voy. Kant, Critique de la raison pure, Méthodologie.

canonique. C’est le mot dont s’est servi Épicure pour désigner ce qui chez lui tient la place de la logique. Voulant réformer et simpli­fier, à son point de vue, toutes les parties de la philosophie, il a proposé de substituer à 1 Orga­non d’Aristote un recueil de règles en petit nombre et d’ailleurs très-sages, mais fort suffi­santes pour guider l’esprit dans toutes ses re­cherches. Ces règles sont au nombre de dix, dont la meilleure est la recommandation expresse de la clarté dans l’expression, comme Aristote l’avait déjà prescrit. Les neuf autres se bornent à pro­clamer les sens le critérium unique de la vérité et la source de toutes nos connaissances. La ca­nonique d’Épicure n’est donc pas autre chose que la négation même de la logique comme science. Voy. Épicure.

CANZ (Israël-Gottlieb), né à Heinsheim, en 1690, y professa successivement la littérature, la philosophie et la théologie. Il fut grand partisan des doctrines de Leibniz et de Wolf, et prit à tâche d’en concilier les principaux points avec la théologie. Il prétendit donner à la métaphysique une forme demonstrative, tout en reconnaissant qu’elle a ses difficultés et ses doutes ; mais il tâcha de dissiper les uns et de lever les autres. La métaphysique était pour lui la source des vérités premières, d’où les autres dérivent par le procédé analytique. C’est ainsi qu’en partant des phénomènes tant externes qu’internes, nous arrivons à nous convaincre de l’existence de notre âme. Canz divise la métaphysique en qua­tre parties qui sont : l’ontologie, la théologie naturelle, la cosmologie et la psychologie. Quel­ques parties de la psychologie, comme celles qui traitent du plaisir et de la peine, de la volonté, sont exécutées avec un remarquable talent. L’une d’elles a pour titre Animœ abyssus, texte fort heureux entre ses mains et qui lui inspire de nombreuses et belles pensées. 11 appelle ré­fléchie la connaissance de soi-même, par opposi­tion à la connaissance des autres choses, qu’il nomme directe. Il se demande à cette occasion comment une connaissance réfléchie est possible dans une seule et m'me substance. L’entende­ment (intellectus) est pour lui la faculté d’avoir des idées distinctes, la raison, la faculté de con­naître les rapports des vérités entre elles ; l’esprit (ingenium), la propriété de saisir promptement la ressemblance des choses, que ces ressemblan­ces soient essentielles ou accessoires. Il n’admet ni ne rejette complètement les deux systèmes de l’harmonie préétablie et de l’influx physique. Quant à la nature des animaux, il n’était ni de l’avis de Rorarius, qui leur accordait une âme raisonnable, ni de celui de Descartes, qui les regardait comme des machines. Il leur reconnaît la sensation, l’imagination, le jugement même, pourvu qu’il s’agisse de choses sensibles et con­crètes : car pour les idées abstraites et générales, il les en croit totalement privés. Canz mourut en 1753. On a de lui : Philosophiœ leibnizianœ el wolfianœ usus in theologia, in-4, Francfort et Leipzig, 1728-1739 ; Grammalicœ universalis tenuia rudimenta, in-4, ib., 1737  ; —Disciplina morales omnes perpetuo nexu Iraditœ, in-8, Leipzig, 1739 ; Unlologia polemicaf in-8, ib., 1741 ; Meditationes pfiilosophicœ, in-4, 1750.

CAPACITÉ. Le sens de ce mot ne peut être bien compris que par opposition à celui de fa­culté. Une faculté est un pouvoir dont nous dis­posons avec une parfaite conscience et que nous dirigeons, au moins dans une certaine mesure, vers un but déterminé. La faculté suprême, celle qui gouverne toutes les autres, en même temps qu’elle en est le type le plus parfait, c’est notre libre arbitre. Une capacité, au contraire, est une simple disposition, une aptitude à recevoir cer­taines modifications où nous jouons un rôle entièrement passif, ou à produire certains effets dont le pouvoir n’est pas encore arrivé à notre conscience. Il est certain que, sans de telles dispositions, les difficultés elles-mêmes n’existe­raient pas ; car, quoique nous exercions sur nousmêmes une très-grande puissance, nous ne pou­vons pas cependant nous faire tout ce que nous sommes, ni nous donner tout ce que nous trou­vons en nous. Indépendamment de cela, les facultés dont nous sommes déjà en possession ne peuvent agir que d’après ou sur des données que nous avons seulement la capacité de recevoir. Ainsi ni la volonté ni la réflexion n’entreraient jamais en exercice, si elles n’y étaient provo­quées par certaines impressions spontanées et par une intuition confuse des choses qui peuvent nous être utiles ou que nous désirons connaître. Cependant faut-il considérer les capacités et les facultés comme deux ordres de faits absolument distincts et qui se développent séparément dans l’âme humaine ; en d’autres termes, y a-t-il en nous de pures capacités qui n ont rien de per­sonnel ni de volontaire ? Évidemment non : car prenons par exemple le phénomène sur lequel nous exerçons sans contredit le moins d’influence, je veux dire la sensation. Sans doute la sensa­tion dépend des objets extérieurs et d’un certain état de nos propres organes ; mais n’est-il pas vrai que si elle n’arrivait pas à notre conscience, elle n’existerait pas pour nous, et qu’elle tient d’autant plus de place dans notre existence, que la conscience que nous en avons est plus vive et plus noble ? Or, qu’est-ce que c’est qu’avoir par­faitement conscience d’une chose ? C’est après tout la saisir avec son esprit, l’embrasser dans sa pensée ; ce qui ne saurait avoir lieu sans le concours de l’attention et du pouvoir personnel. La même chose se démontre encore mieux pour le sentiment, qui n’existe pas, ou qui existe à un très-faible degré, dans les âmes privées d’éner­gie, s’abandonnant sans réflexion et sans résis­tance aux impressions venues du dehors. Donc nous disposons dans une certaime mesure de notre sensibilité, nous pouvons la diriger dans un sens ou aans un autre j c’est-à-dire qu’elle est une véritable faculté, bien que l’intervention de l’activité libre n’en fasse pas la plus grande part. Qui ne reconnaît égale­ment cette intervention dans la mémoire, dans l’imagination, dans tous les faits qui dépendent de l’intelligence, et jusque dans la rêverie ? Il n’y a donc, encore une fois, dans l’àme humaine, parvenue à l’état où elle a connaissance d’ellemême, que des facultés plus ou moins person­nelles, plus ou moins dépendantes de ce qui est au-dessus ou au-dessous de nous ; mais point de capacités pures, de propriétés inertes ou d’aveu­gles instincts comme ceux qui appartiennent aux animaux et aux choses. La liberte, une force qui se connaît et qui se gouverne entre plusieurs impulsions très-diverses, mais susceptibles de s’harmoniser entre elles ; voilà le fonds même de notre