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ABEL — 5 — ABER

Suisse. Enfin, il mourut à la fin de 1766, conseiller aulique et membre du consistoire Tennemann le comprend dans l’école de Leibniz et de Wojff : mais il fut beaucoup moins occupé de métaphysique que de morale. Encore dans cette dernière science s’est-il plutôt signalé comme écrivain que comme philosophe. Doué d’une imagination vive, d’une plume élégante et facile, il exerça sur sa langue maternelle une influence salutaire, et contribua avec Lessing à faire entrer la littérature allemande dans de meilleures voies. Un tel écrivain ne se prête pas facilement à l’analyse ; aussi nous contenterons-nous de citer ses ouvrages. Ils furent tous recueillis après sa mort par Nicolaï, et publiés en six volumes à Berlin, de 1768 à 1781. Il en parut une seconde édition en 1790. Parmi ces écrits, touchant des matières fort diverses, il n’y en a que deux qui méritent l’attention du philosophe ; l’un a pour titre : de la Mort de la pairie, in-8, Breslau. 1761 ; et l’autre, dn Mente, in-8, Berlin, 1765. Heinemann, dans son livre sur Meridelssohn, in-8, Leipzig, 1831 ; a aussi publié de lui quelques lettres adressées à ce philosophe, avec lequel il était lié d’amitié.


ABDUCTION (ὰπαγωγὴ). L’abduction est, selon Aristote, un syllogisme, dont la majeure est certaine et la mineure seulement probable. Il en résulte que la conclusion, sans être certaine comme la majeure, acquiert la probabilité de la mineure. Il y a encore abduction quand les deux termes de la mineure sont séparés l’un de l’autre par un plus petit nombre d’intermédiaires que les deux termes de la conclusion, parce qu’alors il est plus court et plus aisé de démontrer la mineure d’où résultera la certitude de la conclusion, que de démontrer directement la conclusion elle-même. Aristote donne cet exemple d’une abduction. Majeure certaine : la science peut être enseignée. Mineure plus probable que la conclusion : la justice est une science. Conclusion plus incertaine en elle-même que la mineure, mais qui devient par le syllogisme aussi probable qu’elle : Donc la justice peut être enseignée.

Voy. ARISTOTE, Premiers analytiques, liv. II, ch. xxv.


ABEL (Jacques-Frédéric de) n’est pas un philosophe très-original ni d’une grande réputation ; mais ses écrits et son enseignement ont servi à répandre la science, et il faut lui laisser le mérite d’avoir su apprécier l’importance de la psychologie à une époque où cette branche de la philosophie n’était pas en faveur. Il naquit en 1751, à Vayhingen, dans le royaume de Wurtemberg. Dès l’âge de 21 ans, c’est-à-dire en 1772, il fut nommé professeur de philosophe à l’école dite de Charles, a Stuttgart. Appelé en 1790 à l’université de Tubingue en qualité de professeur de logique et de métaphysique, il fut bientôt enlevé à sa chaire pour être chargé (sous le titre ridicule de pédagogiarque) de la direction générale de l’éducation dans les gymnases et dans les écoles du royaume de Wurtemberg. Enfin il mourut en 1829, a l’âge de 79 ans, avec le titre de prélat et de surintendant général, après avoir fait partie de la seconde chambre des États. De Abel a beaucoup écrit tant en latin qu’en allemand ; mais ses ouvrages, encore une fois, ne renfermant aucune vue originale, nous nous contenterons de les nommer. Voici d’abord les titres des ouvrages latins : de Origine characteris animi, in-4, 1776 ; de Phœnomenis sympathies in cor pore animait conspicuis, in-4, 1780 ; Quomodo suavitas virtuti propria in alia objecta derivari possit, in-4, 1791 ; de Causa reproductionis idearum, in-4, 1794-95 ; de Conscientia et sensu interno, in-4, 1796 ; de Sensu interno, in-4, 1797 ; de Conscientiœ speciebus, in-4, 1798 ; de Fortitudine animi, in-4, 1800. Les écrits suivants ont été publiés en allemand : Introduction à la théorie de l’âme, in-8, Stuttgart, 1786 ; des Sources de nos représentations, in-8, ib., 1786 ; Principes de la métaphysique suivis d’un appendice sur la critique de la Raison pure, in-8, ib., 1786 ; Plan d’une métaphysique systématique, in-8, 1787 ; Essai sur la nature de la raison spéculative pour servir à l’examen du système de Kant, in-8, Francfort-sur le-Mein, 1787 ; Éclaircissements sur quelques points importants de la philosophie et de la morale chrétienne, in-8, Tubingen, 1790 ; Recherches philosophiques sur le commerce de l’homme avec des esprits d’un ordre supérieur, in-8, Stuttgart, 1791 ; Exposition complète du fondement de notre croyance à l’immortalité, in-8, Francfort-sur-le-Mein, 1826. Ce dernier ouvrage n’est que le développement d’une dissertation d’abord publiée en latin : Disquisitio omnium tam pro immortalitate quam pro mortalilale animi argumentorum, in-4, Tubingue, 1792. Nous ne parlons pas de divers petits écrits étrangers à la philosophie.


ABERCROMBIE (John), médecin et philosophe, né à Édimbourg en 1781. Son père était ministre de la religion anglicane, et sa première éducation lui inspira une piété solide dont il ne se départit jamais. Reçu docteur en médecine en 1803, et bientôt membre du collège de chirurgie, il se fit une grande réputation en physiologie. Ses travaux furent d’abord bornés à des mémoires insérés dans le journal de médecine et de chirurgie d’Édimbourg ; mais ses études le conduisirent à des recherches qui intéressent, à la fois l’organisation et les facultés intellectuelles. La philosophie dominante alors en Écosse, c’est-à-dire celle de Reid et de Dugald-Stewart, trouva en lui un adepte convaincu, et il s’efforça de la mettre en harmonie avec la science de l’organisation ; il devint à proprement parler le physiologiste de l’école. Ses deux ouvrages principaux sont : 1° Recherches concernant les pouvoirs intellectuels et l’investigation de la vérité, Édimbourg, 1830. Ce livre, qui est un simple résumé de psychologie, eut un grand succès et plus de dix éditions successives. 2° Philosophie des sentiments moraux, Édimbourg, 1832. C’est la suite et le complément du premier ouvrage. On peut encore trouver quelques observations intéressantes dans son traité intitulé : Recherches pathologiques et pratiques sur les maladies du cerveau et de la moelle épinière, Édimbourg, 1828, traduit en français par Gendrin, Paris, 1835. Il a laissé en outre un grand nombre d’opuscules et d’essais sur des sujets de théologie. Il mourut subitement en 1844. Ses ouvrages ne justifient pas du reste la grande renommée dont il a joui pour un temps dans son pays. On y trouve quelques idées justes sur les rapports du physique et du moral ; et des écrivains anglais et français, entre autres M. Taine, lui ont emprunté plus d’une observation. Mais sa doctrine philosophique manque de profondeur et d’originalité ; il se traîne sur les traces des maîtres écossais, et cherche seulement à confirmer leurs opinions en montrant que leur théorie de l’esprit humain est d’accord avec la physiologie. « Ses ouvrages dit un historien anglais, nous rappellent Reid sans sa profondeur Stewart sans son savoir, et Brown sans son génie. » Il ne paraît pas, du reste, avoir ambitionné le titre de philosophe ; et, comme beaucoup d’écrivains de son pays, il n’a employé la science que comme un moyen pour propager des idées morales et surtout des croyances religieuses. Il faut cependant lui sa