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Page:Franck - Dictionnaire des sciences philosophiques, 1875.djvu/305

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CLÉO
COCC
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divines dans le monde, sans qu’on puisse leur imputer l’aberration du panthéisme.

Saint Clément était naturellement conduit à chercher comment Dieu, souverainement bon, avait pu créer un monde imparfait. Il tranche la question dans le sens des idées chrétiennes et d’un sage optimisme. Dieu a doué l’homme de facultés excellentes ; mais, par un abus de sa liberté, l’homme s’est détourné de sa fin, de sa ressemblance avec son créateur, et c’est ainsi que le mal s’est introduit dans l’univers, Mais dans sa chute, l’humanité a été secourue et sauvée par la grâce. Dieu a pris soin de l’instruire, de la former de l’attirer doucement à lui par un mélange de sévérité et de douceur, par l’épreuve de la souffrance, par des révélations progressives. Le terme de cet enseignement surnaturel est l’incarnation du Verbe divin, descendu sur la terre afin de nous apprendre, par son exemple et sa parole, comment un homme devient un dieu.

On a émis quelquefois l’opinion que saint Clément avait emprunté son éclectisme à l’école néoplatonicienne ; et, en effet, sa doctrine offre des traits frappants de ressemblance avec celle des disciples et des successeurs d’Ammonius Saccas. Mais, outre que cette hypothèse ne s’appuie sur aucun témoignage historique, elle n’est pas nécessaire pour expliquer le caractère du système philosophique de saint Clément, que motivent assez et l’esprit général de l’époque où il a vécu, et sa foi religieuse, et sa manière personnelle de comprendre les choses.

Il nous est parvenu, sous le nom de saint Clément d’Alexandrie, quatre ouvrages d’une importance inégale : 1o les Stromates, recueil, en huit livres, de pensées chrétiennes et de maximes philosophiques, disposées sans beaucoup d’ordre ni de liaison ; 2o le Pédagogue, traité de morale en trois livres ; 3o une Exhortation aux Gentils ; 4o un opuscule sous ce titre : Quel riche sera sauvé ? Clément avait composé beaucoup d’autres ouvrages dont on ne possède que des fragments. La première édition de ses œuvres a été donnée par le savant Vettori, in-fo, Florence, 1550. La dernière remonte à quelques années, 4 vol. in-12, Leipzig, 1831-34 ; mais la plus estimée est celle qu’a publiée l’évêque Jean Potter, in-fo, Oxford, 1715 : le texte y est accompagné de la traduction latine et des commentaires d’Hervé. Le Clerc, au tome X de sa Bibliothèque universelle, a donné une Vie de Clément d’Alexandrie, dont plusieurs assertions, répétées dans ses Litteræ criticæ et ecclesiasticæ, ont été combattues par le P. Baltus, dans son Apologie des SS. Pères accusés de platonisme, in-4, Paris, 1711. On peut consulter aussi D. Cellier, Histoire des auteurs sacrés et ecclésiastiques, in-4, Paris, 1729 et 1750, t. II ; — Cave, Scriptorum ecclesiasticorum Historia litteraria, in-fo, Oxford, 1740, t. I ; — Dæhm, de Γνῶσει Clementii Alexandrini, Hale, 1831 ; — Histoire de la philosophie chrétienne, par M. Ritter, trad. française, in-8, Paris, 1843, t. I, p. 377-418 ; — Histoire critique de l’école d’Alexandrie, par M. Vacherot, Paris, 1845-51, 3 vol. in-8 ; — Histoire de l’école d’Alexandrie, par M. J. Simon, Paris, 1845, 2 vol. in-8. X.


CLÉOBULE, que Plutarque et Suidas placent au nombre des sept Sages de la Grèce, était né, selon l’opinion la plus commune, à Lindos, dans l’île de Rhodes, dont son père, Évagoras, était roi. Quelques autres, au témoignage de Diogène Laërce, faisaient remonter son origine jusqu’à Hercule. Il visita l’Égypte, occupa le pouvoir, après la mort de son père, et mourut à l’âge de soixante-dix ans, vers la lve olympiade. Cléobule avait composé des chants et des questions énigmatiques, jusqu’au nombre de trois mille vers ; mais on n’a conservé que quelques-unes de ses sentences et une lettre adressée à Solon. Il eut une fille, Eumétis, plus connue sous le nom de Cléobuline, qui acquit une certaine célébrité en se livrant au même genre d’études que son père. Voy. Diogène Laërce, liv. I, ch. lxxxix et suiv. ; la Morale dans l’antiquité, par M. A. Garnier, Paris, 1862, in-12 ; — la Morale avant les philosophes, par L. Ménard, Paris, 1860, in-8.


CLERSELIER (Claude) mérite une place dans l’histoire des premiers développements du cartésianisme. Il était l’ami intime de Descartes ; après la mort du P. Mersenne, il devint à son tour le correspondant par lequel Descartes, pendant les dernières années de sa vie, du fond de la Hollande, communiquait avec le monde savant. Il a droit à la reconnaissance de tous les amis de la philosophie, par le zèle et le soin avec lesquels il recueillit et publia les ouvrages posthumes de Descartes. C’est Clerselier qui a réuni et publié, en un recueil de trois volumes, les lettres de Descartes, qui sont d’un si haut intérêt philosophique. C’est encore Clerselier qui fit imprimer le Traité de l’Homme, le Traité de la conformation du Fœtus, le Traité de la Lumière et le Traité du Monde. Il fut aidé dans ces diverses publications par Jacques Rohault et Louis de la Forge. Il contribua beaucoup à répandre le cartésianisme dans Paris, à cause de la force et de la sincérité de ses convictions philosophiques, et à cause de l’estime générale dont il était environné. Un fait rapporté par Baillet, l’historien de la vie de Descartes, prouve à quel point son zèle était grand pour la propagation de la philosophie nouvelle. Avocat au parlement de Paris, et d’une famille riche et distinguée, il maria néanmoins sa fille à Jacques Rohault, qui était pauvre et d’une famille bien inférieure a la sienne. Il voulut absolument ce mariage dans un intérêt purement philosophique, et par la considération seule de la philosophie de Descartes, dont il prévoyait que son gendre devait être un jour un puissant appui. Il ne fut pas trompé dans cette espérance, et Jacques Rohault, par son zèle, par son talent, fut un de ceux qui contribuèrent le plus puissamment à répandre les principes philosophiques de Descartes. Claude Clerselier mourut en 1686. Voy. Histoire de la philosophie cartésienne, par M. Bouillier, Paris, 1854, 2 vol. in-8.F. B.


CLINOMAQUE, philosophe grec, né à Thurium, dans la Lucanie, fut un des disciples d’Euclide de Mégare. S’il faut en croire Diogène Laërce (liv. II ; ch. cxii), il serait le premier auteur qui eût écrit sur les prépositions, les prédicaments, et autres sujets du même genre. Sa vie, ses doctrines et ses ouvrages nous sont d’ailleurs entièrement inconnus. X.


CLITOMAQUE, un des chefs de la nouvelle Académie, était natif de Carthage, et se nommait Asdrubal dans son pays. Il quitta l’Afrique vers le milieu du second siècle av. J. C., âgé, selon les uns, de vingt-huit ans, de quarante selon d’autres, et vint à Athènes suivre les leçons de Carnéade, auquel il succéda à l’Académie en 130. Sans ajouter aux arguments de son maître contre l’autorité de la raison, il se distingua par une connaissance profonde des écoles péripatéticienne et stoïcienne. Diogène Laërce le considère comme le chef de l’école dialectique et lui attribue quatre cents volumes, entre lesquels Cicéron cite un traité en quatre livres sur la Suspension du jugement (περὶ Ἐποχῆς). Voy. Diogène Laërce, liv. IV, ch. lxvii et suiv. X.


COCCÉIUS (Jean), théologien hollandais, né à Brême en 1603, commença ses études dans cette ville, les continua à Hambourg, et les acheva