par lequel les logiciens désignaient un des modes indirects de la première des trois figures du syllogisme reconnues par Aristote. Voy. la Logique de Port-Royal, 3e partie, et l’article Syllogisme.
DALBERG (Charles-Théodore prince de), né en 1744 à Hernsheim, près de Worms, est un per¬sonnage dont le nom appartient avant tout à l’histoire de l’Église et de la politique, puisqu’il fut à la fois archevêque et prince primat de la confédération du Rhin. Son goût pour les lettres, ses relations avec Herder, Goethe, Wieland, Schil¬ler, et quelques-uns de ses ouvrages lui assurent aussi une place honorable dans l’histoire dela littérature. Enfin il n’est pas resté étranger à l’étude de la philosophie, et la meilleure partie de ses écrits est consacrée à cette science. On cite de lui : Réflexions sur l’univers, Francfort; 1777, six fois réimprimées jusqu’en 1821 ; — Pensées sur la dignité morale, Erfurt, 1787 ; — Principes d’esthétique, Francfort, 1791 ; de la Conscience comme fondement général de la philosophie, Erfurt, 11793. Ces ouvrages ont éte publiés en allemand, bien que l’on rapporte que plusieurs ont été écrits en français. Ils ont eu peu d’in¬fluence en Allemagne, peut-être parce que leur auteur était justement suspect aux yeux de ses compatriotes. Le mouvement qui a depuis em¬porté la .philosophie allemande a laissé bien loin derriere lui ces essais dont les critiques contemporains font à peine mention.
DAMASCÈNE (saint Jean), né à Damas, en Syrie, a été l’un des plus illustres Pères de l’Église au viiie siècle. Il eut pour précepteur un religieux italien, nommé Côme, que son père avait racheté de la captivité, et sous lequel il fit de rapides progrès. Ayant succédé à son père dans la charge de conseiller du calife, sa fidélité au christianisme le fit bientôt tomber dans la disgrâce ; mais, quoique réintégré plus tard, il abandonna le monde, donna la liberté à ses esclaves, distribua ses biens aux pauvres, et se retira dans la laure de Saint-Sabas avec un autre disciple de Côme. Il se soumit à la volonté du patriarche de Jérusalem, qui lui ordonna de recevoir la prêtrise ; et bientôt après, ayant pris la plume pour défendre le culte des images, il visita Constantinople, dans l’espérance d’y trouver la couronne du martyre. Ce désir n’ayant point été satisfait, il retourna dans sa solitude, ou il mourut vers la fin du viiie siècle.
Les ouvrages de saint Jean Damascène ne sont pas exclusivement théologiques. Plusieurs sont consacrés à la philosophie, et, dans ceux même qui traitent des questions principales de la foi chrétienne, de nombreux passages font connaître les doctrines philosophiques de ce Père.
Il reconnaît que les Gentils ont cru en Dieu, et que la Providence elle-même a pris soin d’en déposer la connaissance dans nos esprits. Il s’appuie surtout, pour démontrer la réalité du principe suprême, sur la nécessité d’une cause première, créatrice et conservatrice de l’univers (Orth. fid., lib. I, c. III). Il démontre ensuite l’unité de Dieu par sa perfection, qui ne saurait appartenir à plusieurs êtres à la fois (Ib., c. V). Il cherche aussi, dans la nature, des témoignages de l’existence du Verbe divin, et les trouve surtout, comme saint Augustin avant lui, dans des similitudes tirées de notre constitution intellectuelle ; il reconnaît néanmoins que, quand il s’agit de l’essence divine, toutes ces comparaisons sont imparfaites (Ib., c. VI). Il est moins heureux lorsqu’il veut définir l’espace, et opposer, à l’étendue visible, l’ubiquité spirituelle de Dieu (Ib., c. xvi). Quant aux attributs divins, il les énumère, les décrit en peu de mots, et n’en apporte guère d’autres preuves que la perfection divine qu’ils constituent (lb., c. xix), Il est, sur la nature du temps, moins explicite encore que sur celle de l’espace ; ce qu’il en dit, ou plutôt ce qu’il dit du mot siècle, souvent usité dans l’Écriture) se borne à la définition des sens divers dans lesquels ce mot est employé, soit dans la Bible, soit dans les écrivains ecclésiastiques (Ib., lib. II, c. i). Il attribue la création à un acte libre de la bonté de Dieu, dont l’amour ne pouvait se contenter de la contemplation de lui-même et de lui seul (Ib., c. n).
Une partie du second livre du traité de la Foi orthodoxe comprend une sorte de psychologie de la sensibilité, de l’intelligence et de la volonté. Les passions y sont énumérées dans une classification très-incomplète et tout à fait arbitraire, qui n’a rien d’ailleurs d’original, et rappelle des écrivains antérieurs et des doctrines antiques. Quelques détails sur les sens et leurs propriétés ne présentent rien de neuf, et n’ont point de portée. Les facultés qu’il reconnaît dans l’intelligence sont la pensée et la mémoire. Il distingue la parole interne, qui n’est autre chose que la pensée, de la parole externe et articulée, distinction qui ne lui fournit aucune considération de quelque importance. Il n’y a pas plus de profit à tirer de ses définitions de la passion, de l’action et de la volonté (Ib., c. xin-xxii). Il définit avec raison la Providence : la volonté divine par laquelle toutes choses sont sagement et harmoniquement gouvernées (lb., c. xxix). La prescience étant la condition nécessaire de la Providence, il en cherche l’accord avec le libre arbitre. Dans ce but, il distinguo les choses que Dieu prévoit et fait, de celles qu’il prévoit seulement. C’est parmi ces dernières que se rangent les actes humains. Cette distinction, comme on sait, ne résout pas complétement la difficulté ; mais on voit facilement que ce Père n’a pas abordé la question dans toute son, étendue, telle qu’elle est posée par saint Paul (Epît. aux Philipp. v ch. 11, t. 13), telle qu’elle avait été développée par saint Augustin, et telle qu’elle le fut plus tard par les thomistes, par Descartes et par Malebranche.
Dans son traité de la Dialectique ou de la Logique, il donne plusieurs définitions de la philosophie, dont la meilleure est celle-ci : « La Philosophie est la connaissance des choses qui sont, en tant qu’elles sont, c’est-à-dire de leur nature. » Dans cet opuscule, il définit successivement l’être, la substance, l’accident, le genre, l’espèce, conformément aux traditions de la philosophie péripatéticienne. Il modifie cependant le sens de ces mots, toutes les fois qu’ils ne se prêtent pas assez à l’exposition de la foi orthodoxe : la théologie préludait ainsi aux subtilités de la scolastique. Il emprunte à Aristote ses catégories, qu’il explique avec quelque développement, et suit Porphyre pour les genres et les espèces. Les mêmes définitions se reproduisent dans son opuscule sur les institutions premières, et sa Physique n’est autre chose que l’exposition de quelques principes empruntés à celle d’Aristote.
Dans son Dialogue contre les Manichéens, il réfute le dualisme du bien et du mal, admis tous deux comme principes absolus, à l’aide de la doctrine adoptée, avant et après lui, par les écrivains ecclésiastiques, qui considèrent le mal comme n’existant pas en lui-même, mais seulement en vertu de rapports faux, créés par l’homme. Il soutient donc que toutes choses sont bannes, mais qu’elles peuvent devenir mauvaises par l’usage que nous en faisons.
On voit, par ce rapide exposé, que la philosophie de saint Jean Damascène n’a rien d’original. Elle se retrouve presque tout entière dans