Page:Franklin - Vie Tome I (1797-1798).djvu/41

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
29
de B. Franklin.

mon père diminua beaucoup ma joie en tournant mes productions en ridicule, et en me disant que les faiseurs de vers étoient toujours pauvres. Ainsi j’échappai au malheur d’être probablement un très-mauvais poëte. Mais comme la faculté d’écrire en prose m’a été d’une grande utilité dans le cours de ma vie, et a principalement contribué à mon avancement, je vais rapporter comment, dans la situation où j’étois, j’acquis le peu de talent que je possède en ce genre.

Il y avoit dans la ville un autre grand amateur de livres. C’étoit un jeune garçon, nommé Collins, avec lequel j’étois intimement lié. Nous nous disputions souvent ensemble, et nous aimions tellement à argumenter que rien n’étoit si agréable pour nous qu’une guerre de mots. Ce goût contentieux est, pour l’observer en passant, très-propre à devenir une mauvaise habitude, et rend souvent insupportable la société d’un homme, parce qu’il le porte à contredire à tous propos ; et indépendamment du