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Page:Frehel - Le Précurseur.pdf/184

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IX


Quand l’hiver vint, Kéroulaz était peuplé de femmes ; les labours étaient faits, les bâtiments aménagés. Les fléaux et les vans se reposaient, les grains dormaient au grenier, les derniers fruits du verger avaient été détachés par les vents : seules, les abeilles, dans leurs maisons de paille, habitaient sous les arbres presque nus.

La maison s’était emplie très vite. C’étaient, comme la première fois à Pontaro, des employées lasses de la lutte solitaire. Les fonctions qu’elles avaient si difficilement acquises et si joyeusement acceptées leur étaient devenues odieuses par l’autoritarisme haineux de l’homme, leur supérieur administratif qui se montrait un maître, imbu d’une prédominance vaniteuse, comme l’époux l’avait été au foyer. C’étaient des professeurs aux santés détruites par le surmenage, à l’intelligence obstruée de connaissances désor-