Aller au contenu

Page:Frehel - Le Précurseur.pdf/236

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

délirantes comme celles de Thérèse d’Avila. Et cet état de demi-démence appelé : « mal de Merlin », sévissait aussi de l’autre côté de leurs murs, chez les recluses vouées à l’amour de Jésus.

Au charme qui s’exhalait des récits de Jean, se mêlait le réveil de tout ce passé évanoui. Les meubles antiques mêlés aujourd’hui aux attributs de la vie rustique, les bahuts, les rouets, les dévidoirs, des tapisseries fanées et rongées par les vers, des fauteuils creusés par les corps nonchalants des belles et folles dames, parlaient éloquemment de leurs anciennes joies, de leurs anciennes douleurs. Un engourdissement heureux, un charme puissant enchaînaient Jacquemine auprès de cet inconnu de la veille ; mais la grosse horloge, qui sonna soudain trois heures, réveilla comme en sursaut sa vigilance endormie. Une rougeur couvrit son visage. Ce n’était pas la première fois du jour qu’elle sentait monter cette troublante brûlure à son front. Elle se leva, donnant le signal du dispersement, et chacune courut à ses occupations favorites.