Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/109

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

d’eau sur le front : il rêva qu’il se trouvait en Italie, transpirait beaucoup et buvait du vin blanc d’Orvieto.

Ce qui frappe dans ces rêves provoqués expérimentalement nous apparaîtra peut-être avec plus de netteté encore dans une autre série de rêves par excitation. Il s’agit de trois rêves communiqués par un observateur sagace, M. Hildebrandt, et qui constituent tous trois des réactions à un bruit produit par un réveil-matin.

« Je me promène par une matinée de printemps et je flâne à travers champs, jusqu’au village voisin dont je vois les habitants en habits de fête se diriger nombreux vers l’église, le livre de prières à la main. C’est, en effet, dimanche, et le premier service divin doit bientôt commencer. Je décide d’y assister, mais, comme il fait très chaud, j’entre, pour me reposer, dans le cimetière qui entoure l’église. Tout en étant occupé à lire les diverses inscriptions mortuaires, j’entends le sonneur monter dans le clocher et j’aperçois tout en haut de celui-ci la petite cloche du village qui doit bientôt annoncer le commencement de la prière. Elle reste encore immobile pendant quelques instants, puis elle se met à remuer et soudain ses sons deviennent clairs et perçants au point de mettre fin a mon sommeil. C’est le réveil-matin qui a fait retentir sa sonnerie.

« Autre combinaison. Il fait une claire journée d’hiver. Les rues sont recouvertes d’une épaisse couche de neige. Je dois prendre part à une promenade en traîneau, mais suis obligé d’attendre longtemps avant qu’on m’annonce que le traîneau est devant la porte. Avant d’y monter, je fais mes préparatifs : je mets la pelisse, j’installe la chaufferette. Enfin, me voilà installé dans le traîneau. Nouveau retard, jusqu’à ce que les rênes donnent aux chevaux le signal de départ. Ceux-ci finissent par s’ébranler, les grelots violemment secoués commencent à faire retentir leur musique de janissaires bien connue, avec une violence qui déchire instantanément la toile d’araignée du rêve. Cette fois encore, il s’agissait tout simplement du tintement de la sonnerie du réveil-matin.

« Troisième exemple. Je vois une fille de cuisine se diriger le long du couloir vers la salle à manger, avec une pile de quelques douzaines d’assiettes. La colonne de porcelaine qu’elle porte me paraît en danger de