Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/145

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de l’espérer, se montreront décisifs et universellement valables.

1º Pour comprendre ces rêves, on n’a besoin ni d’analyse, ni d’application d’une technique quelconque. On ne doit pas interroger l’enfant qui raconte son rêve.

Mais il faut faire compléter celui-ci par un récit se rapportant à la vie de l’enfant. Il y a toujours un événement qui, ayant eu lieu pendant la journée qui précède le rêve, nous explique celui-ci. Le rêve est la réaction du sommeil à cet événement de l’état de veille.

Citons quelques exemples qui serviront d’appui à nos conclusions ultérieures.

a) Un garçon de 22 mois est chargé d’offrir à quelqu’un, à titre de congratulation, un panier de cerises. Il le fait manifestement très à contrecœur, malgré, la promesse de recevoir lui-même quelques cerises en récompense. Le lendemain matin il raconte avoir rêvé que « He(r)mann (a) mangé toutes les cerises ».

b) Une fillette âgée de 3 ans et trois mois fait son premier voyage en mer. Au moment du débarquement, elle ne veut pas quitter le bateau et se met à pleurer amèrement. La durée du voyage lui semble avoir été trop courte. Le lendemain matin elle raconte : « Cette nuit j’ai voyagé en mer. » Nous devons compléter ce récit, en disant que ce voyage avait duré plus longtemps que l’enfant ne le disait.

c) Un garçon âgé de 5 ans et demi est emmené dans une excursion à Escherntal, près de Hallstatt. Il avait entendu dire que Hallstatt se trouvait au pied du Dachstein, montagne à laquelle il s’intéressait beaucoup. De sa résidence d’Aussee on voyait très bien le Dachstein et on pouvait y distinguer, à l’aide du télescope, la Simonyhütte. L’enfant s’était appliqué à plusieurs reprises à l’apercevoir à travers la longue vue, mais on ne sait avec quel résultat. L’excursion avait commencé dans des dispositions gaies, la curiosité étant très excitée. Toutes les fois qu’on apercevait une montagne, l’enfant demandait : « Est-ce cela le Dachstein ? » Il devenait de plus en plus taciturne à mesure qu’il recevait des réponses négatives ; il finit par ne plus prononcer un mot et refusa de prendre part à une petite ascension qu’on voulait faire pour aller voir le torrent. On l’avait cru fatigué, mais le lendemain matin il raconta