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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/18

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pendant toute l’année 1899 et traduisit en allemand son livre sur la suggestion. Mais plus il analysait le phénomène de la suggestion, et plus il se rendait compte que telle qu’elle était employée par l’école de Nancy, elle n’était pas de nature à donner des résultats certains et durables. Il ne pouvait d’ailleurs en être autrement, puisque n’ayant aucune base scientifique, ressemblant plutôt à une sorte de magie, d’exorcisme, de prestidigitation, elle était appliquée uniformément dans tous les cas, sans tenir compte des particularités de chacun, de la signification et de l’importance des symptômes auxquels on avait à faire. Le seul élément qu’il ait retenu de la suggestion et qui lui paraissait vraiment important, ce fut le rapport qu’elle établit entre le medecin et le malade et dont Freud a fait la base de ce qui, dans la psychanalyse, constitue le phénomène du transfert, phénomène dans lequel le malade se débarrasse des sentiments ou complexes de sentiments qui forment la base inconsciente, réprimée, refoulée de ses symptômes, en les reportant d’abord sur le médecin, au fur et à mesure qu’ils sont atteints et touchés par l’analyse.

Ce qui a frappé Freud dans les méthodes neurothérapeutiques alors en vigueur, hypnotisme et suggestion, ce fut le fait que, sans peut-être s’en rendre compte, ceux qui en faisaient usage visaient, non à la cure radicale des névroses, mais seulement à la suppression de leurs symptômes, qu’au lieu de s’attaquer à la racine du mal, ils cherchaient à combattre ses effets. Rien d’étonnant si l’emploi de ces méthodes ne donnait que des résultats précaires, si la maladie reprenait le dessus, après une période d’accalmie plus ou moins longue et si l’on pouvait voir des malades promener leur névrose pendant des années et des années, d’hôpital en hôpital et servir de sujets d’expériences à des générations de médecins. Endormir un malade et lui dire pendant son sommeil hypnotique qu’une fois réveillé il ne devra plus éprouver tel ou tel malaise, tel ou tel symptôme, ou bien lui suggérer à l’état de veille que ses symptômes n’ont rien d’organique, qu’il n’a qu’à ne pas y penser, qu’à se