Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/188

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dans ses proverbes et ses chants, le langage courant et l’imagination poétique utilisent le même symbolisme. Le domaine du symbolisme est extraordinairement grand, et le symbolisme des rêves n’en est qu’une petite province ; et rien n’est moins indiqué que de s’attaquer au problème entier en partant du rêve. Beaucoup des symboles employés ailleurs ne se manifestent pas dans les rêves ou ne s’y manifestent que rarement ; quant aux symboles des rêves, il en est beaucoup qu’on ne retrouve pas ailleurs ou qu’on ne retrouve, ainsi que vous l’avez vu, que çà et là, On a l’impression d’être en présence d’un mode d’expression ancien, mais disparu, sauf quelques restes disséminés dans différents domaines, les uns ici, les autres ailleurs, d’autres encore conservés, sous des formes légèrement modifiées, dans plusieurs domaines. Je me souviens à ce propos de la fantaisie d’un intéressant aliéné qui avait imaginé l’existence d’une « langue fondamentale » dont tous ces rapports symboliques étaient, à son avis, les survivances.

En troisième lieu, vous devez trouver surprenant que le symbolisme dans tous les autres domaines ne soit pas nécessairement et uniquement sexuel, alors que dans les rêves les symboles servent presque exclusivement à l’expression d’objets et de rapports sexuels. Ceci n’est pas facile à expliquer non plus. Des symboles primitivement sexuels auraient-ils reçu dans la suite une autre application, et ce changement d’application aurait-il entraîné peu à peu leur dégradation, jusqu’à la disparition de leur caractère symbolique ? Il est évident qu’on ne peut répondre à ces questions tant qu’on ne s’occupe que du symbolisme des rêves. On doit seulement maintenir le principe qu’il existe des rapports particulièrement étroits entre les symboles véritables et la vie sexuelle.

Nous avons reçu récemment, concernant ces rapports, une importante contribution. Un linguiste, M. H. Sperber (d’Upsala), qui travaille indépendamment de la psychanalyse, a prétendu que les besoins sexuels ont joué un rôle des plus importants dans la naissance et le développement de la langue. Les premiers sons articulés avaient servi à communiquer des idées et à appeler le partenaire sexuel ; le développement ultérieur des racines de la langue avait accompagné l’organisation du