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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/196

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omettant les voyelles, ni ce qu’on pourrait appeler un remplacement, comme lorsqu’on fait toujours ressortir un élément aux dépens de plusieurs autres : nous nous trouvons en présence de quelque chose de tout à fait différent et beaucoup plus compliqué.

Un autre effet du travail d’élaboration consiste dans le déplacement. Celui-ci nous est heureusement déjà connu ; nous savons notamment qu’il est entièrement l’œuvre de la censure des rêves. Le déplacement s’exprime de deux manières : en premier lieu, un élément latent est remplacé, non par un de ses propres éléments constitutifs, mais par quelque chose de plus éloigné, donc par une allusion ; en deuxième lieu, l’accent psychique est transféré d’un élément important sur un autre, peu important, de sorte que le rêve reçoit un autre centre et apparaît étrange.

Le remplacement par une allusion existe également dans notre pensée éveillée, mais avec une certaine différence. Dans la pensée éveillée, l’allusion doit être facilement intelligible, et il doit y avoir entre l’allusion et la pensée véritable un rapport de contenu. Le trait d’esprit se sert souvent de l’allusion, sans observer la condition de l’association entre les contenus ; il remplace cette association par une association extérieure peu usitée, fondée sur la similitude tonale, sur la multiplicité des sens que possède un mot, etc. Il observe cependant rigoureusement la condition de l’intelligibilité ; le trait d’esprit manquerait totalement son effet si l’on ne pouvait remonter sans difficulté de l’allusion à son objet. Mais le déplacement par allusion qui s’effectue dans le rêve se soustrait à ces deux limitations. Ici l’allusion ne présente que des rapports tout extérieurs et très éloignés de l’élément qu’elle remplace ; aussi est-elle inintelligible, et lorsqu’on veut remonter à l’élément, l’interprétation de l’allusion fait l’impression d’un trait d’esprit raté ou d’une explication forcée, tirée par les cheveux. La censure des rêves n’atteint son but que lorsqu’elle réussit à rendre introuvable le chemin qui conduit de l’allusion à son substrat.

Le déplacement de l’accent constitue le moyen par excellence de l’expression des pensées. Nous nous en servons parfois dans la pensée éveillée, pour produire