Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/297

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de documentation seront certainement impressionnés par la quantité et la force des matériaux réunis sur cette question. Mais ils se heurteront aussi à une difficulté. Nous savons que le sens d’un symptôme réside dans les rapports qu’il présente avec la vie intime des malades. Plus un symptôme est individualisé, et plus nous devons nous attacher à définir ces rapports. La tâche qui nous incombe, lorsque nous nous trouvons en présence d’une idée dépourvue de sens et d’une action sans but, consiste à retrouver la situation passée dans laquelle l’idée en question était justifiée et l’action conforme à un but. L’action obsessionnelle de notre malade, qui courait à la table et sonnait la femme de chambre, constitue le prototype direct de ce genre de symptômes. Mais on observe aussi, et très fréquemment, des symptômes ayant un tout autre caractère. On doit les désigner comme les symptômes « typiques » de la maladie, car ils sont à peu près les mêmes dans tous les cas, les différences individuelles ayant disparu ou s’étant effacées au point qu’il devient difficile de rattacher ces symptômes à la vie individuelle des malades ou de les mettre en relation avec des situations vécues. Déjà le cérémonial de notre deuxième malade présente beaucoup de ces traits typiques ; mais il présente aussi pas mal de traits individuels qui rendent possible l’interprétation pour ainsi dire historique de ce cas. Mais tous ces malades obsédés ont une tendance à répéter les mêmes actions, à les rythmer, à les isoler des autres. La plupart d’entre eux ont la manie de laver. Les malades atteints d’agoraphobie (topophobie, peur de l’espace), affection qui ne rentre plus dans le cadre de la névrose obsessionnelle, mais que nous désignons sous le nom d’hystérie d’angoisse, reproduisent dans leurs tableaux nosologiques, avec une monotonie souvent fatigante, les mêmes traits : peur des espaces confinés, de grandes places découvertes, de rues et allées s’allongeant à perte de vue. Ils se croient protégés lorsqu’ils sont accompagnés par une personne de leur connaissance ou lorsqu’ils entendent une voiture derrière eux. Mais sur ce fond uniforme chaque malade présente ses conditions individuelles, des fantaisies, pourrait-on dire, qui sont souvent diamétralement opposées d’un cas à l’autre. Tel redoute les rues étroites, tel autre les rues larges ; l’un