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Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/307

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symptômes ; il avait trouvé une technique qui lui a permis d’amener à la conscience les processus inconscients qui cachaient le sens des symptômes et, cela fait, d’obtenir la disparition de ceux-ci.

Cette découverte de Breuer fut le résultat, non d’une spéculation logique, mais d’une heureuse observation due à la collaboration de la malade. Ne cherchez pas à comprendre cette découverte en la ramenant à un autre fait déjà connu : acceptez-la plutôt comme un fait fondamental qui permet d’en expliquer beaucoup d’autres. Aussi vous demanderai-je la permission de vous l’exprimer sous d’autres formes.

Un symptôme se forme à titre de substitution à la place de quelque chose qui n’a pas réussi à se manifester au-dehors. Certains processus psychiques n’ayant pas pu se développer normalement, de façon à arriver jusqu’à la conscience, ont donné lieu à un symptôme névrotique. Celui-ci est donc le produit d’un processus dont le développement a été interrompu, troublé par une cause quelconque. Il y a eu là une sorte de permutation ; et la thérapeutique des symptômes névrotiques a rempli sa tâche lorsqu’elle a réussi à supprimer ce rapport.

La découverte de Breuer forme encore de nos jours la base du traitement psychanalytique. La proposition que les symptômes disparaissent lorsque leurs conditions inconscientes ont été rendues conscientes a été confirmée par toutes les recherches ultérieures, malgré les complications les plus bizarres et les plus inattendues auxquelles on se heurte dans son application pratique. Notre thérapeutique agit en transformant l’inconscient en conscient, et elle n’agit que dans la mesure où elle est à même d’opérer cette transformation.

Ici permettez-moi une brève digression destinée à vous mettre en garde contre l’apparente facilité de ce travail thérapeutique. D’après ce que nous avons dit jusqu’à présent, la névrose serait la conséquence d’une sorte d’ignorance, de non-connaissance de processus psychiques dont on devrait avoir connaissance. Cette proposition rappelle beaucoup la théorie socratique d’après laquelle le vice lui-même serait un effet de l’ignorance. Or, un médecin ayant l’habitude de l’analyse n’éprouvera généralement aucune difficulté à découvrir les mouvements