Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/309

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intérieur du malade, changement qui ne peut être provoqué que par un travail psychique poursuivi en vue d’un but déterminé. Nous sommes ici en présence de problèmes dont la synthèse nous apparaîtra bientôt comme une dynamique de la formation de symptômes.

Et maintenant, je vous demande : ce que je vous dis là, ne le trouvez-vous pas trop obscur et compliqué ? N’êtes-vous pas désorientés de me voir si souvent retirer ce que je viens d’avancer, entourer mes propositions de toutes sortes de limitations, m’engager dans des directions pour aussitôt les abandonner ? Je regretterais qu’il en fût ainsi. Mais je n’ai aucun goût pour les simplifications aux dépens de la vérité, ne vois aucun inconvénient à ce que vous sachiez que le sujet que nous traitons présente des côtés multiples et une complication extraordinaire, et je pense en outre qu’il n’y a pas de mal à ce que je vous dise sur chaque point plus de choses que vous n’en pourriez utiliser momentanément. Je sais parfaitement bien que chaque auditeur ou lecteur arrange en idées le sujet qu’on lui expose, abrège l’exposé, le simplifie et en extrait ce qu’il désire en conserver. Il est vrai, dans une certaine mesure, que plus il y a de choses, plus il en reste. Laissez-moi donc espérer que, malgré tous les accessoires dont j’ai cru devoir la surcharger, vous avez réussi à vous faire une idée claire de la partie essentielle de mon exposé, c’est-à-dire de celle relative au sens des symptômes, à l’inconscient et aux rapports existant entre ceux-là et celui-ci. Sans doute avez-vous également compris que nos efforts ultérieurs tendront dans deux directions : apprendre, d’une part, comment les hommes deviennent malades, tombent victimes d’une névrose qui dure parfois toute la vie, ce qui est un problème clinique ; rechercher, d’autre part, comment les symptômes morbides se développent à partir des conditions de la névrose, ce qui reste un problème de dynamique psychique. Il doit d’ailleurs y avoir quelque part un point où ces deux problèmes se rencontrent.

Je ne voudrais pas aller plus loin aujourd’hui, mais, comme il nous reste encore un peu de temps, j’en profite pour attirer votre attention sur un autre caractère de nos deux analyses, caractère dont vous ne saisirez toute la portée que plus tard : il s’agit des lacunes de la mémoire