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Chapitre XIX
RÉSISTANCE ET REFOULEMENT


Pour nous faire des névroses une idée plus adéquate, nous avons besoin de nouvelles expériences, et nous en possédons deux, très remarquables et qui ont fait beaucoup de bruit à l’époque où elles ont été connues.

Première expérience : lorsque nous nous chargeons de guérir un malade, de le débarrasser de ses symptômes morbides, il nous oppose une résistance violente, opiniâtre et qui se maintient pendant toute la durée du traitement. Le fait est tellement singulier que nous ne pouvons nous attendre à ce qu’il trouve créance. Nous nous gardons bien d’en parler à l’entourage du malade, car on pourrait voir là de notre part un prétexte destiné à justifier la longue durée ou l’insuccès de notre traitement. Le malade lui-même manifeste tous les phénomènes de la résistance, sans s’en rendre compte, et l’on obtient déjà un gros succès lorsqu’on réussit à l’amener à reconnaître sa résistance et à compter avec elle. Pensez donc : ce malade qui souffre tant de ses symptômes, qui fait souffrir son entourage, qui s’impose tant de sacrifices de temps, d’argent, de peine et d’efforts sur soi-même pour se débarrasser de ses symptômes, comment pouvez-vous l’accuser de favoriser sa maladie en résistant à celui qui est là pour l’en guérir ? Combien invraisemblable doit paraître à lui et à ses proches votre affirmation ! Et pourtant, rien de plus exact, et quand on nous oppose cette invraisemblance, nous n’avons qu’à répondre que le fait que nous affirmons n’est pas sans avoir des analogies, nombreux étant ceux, par exemple, qui, tout en souffrant d’une rage de dents, opposent la plus vive résistance au dentiste lorsqu’il veut appliquer sur la dent malade le davier libérateur.

La résistance du malade se manifeste sous des formes