Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/325

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des matériaux préconscients qui, ayant subi pendant la nuit l’influence de désirs inconscients et refoulés, s’associent à ces désirs et forment, avec leur collaboration et grâce à l’énergie dont ils sont doués, le rêve latent. Sous la domination du système inconscient, les matériaux préconscients, avons-nous dit encore, subissent une élaboration consistant en une condensation et un déplacement qu’on n’observe qu’exceptionnellement dans la vie psychique normale, c’est-à-dire dans le système préconscient. Et nous avons caractérisé chacun des deux systèmes par le mode de travail qui s’y accomplit ; selon le rapport qu’il présentait avec la conscience, elle-même prolongement de la préconscience, on pouvait dire si tel phénomène donné fait partie de l’un ou de l’autre de ces deux systèmes. Or le rêve, d’après cette manière de voir, ne présente rien d’un phénomène pathologique : il peut survenir chez n’importe quel homme sain, dans les conditions qui caractérisent l’état de sommeil. Cette hypothèse sur la structure de l’appareil psychique, hypothèse qui englobe dans la même explication la formation du rêve et celle des symptômes névrotiques, a toutes les chances d’être également valable pour la vie psychique normale.

Voici, jusqu’à nouvel ordre, comment il faut comprendre le refoulement. Celui-ci n’est qu’une condition préalable de la formation de symptômes. Nous savons que le symptôme vient se substituer à quelque chose que le refoulement empêche de s’extérioriser. Mais quand on sait ce qu’est le refoulement, on est encore loin de comprendre cette formation substitutive. À l’autre bout du problème, la constatation du refoulement soulève les questions suivantes : Quelles sont les tendances psychiques qui subissent le refoulement ? Quelles sont les forces qui imposent le refoulement ? À quels mobiles obéit-il ? Pour répondre à ces questions, nous ne disposons pour le moment que d’un seul élément. En examinant la résistance, nous avons appris qu’elle est un produit des forces du moi, de propriétés connues et latentes de son caractère. Ce sont donc aussi ces forces et ces propriétés qui doivent avoir déterminé le refoulement ou, tout au moins, avoir contribué à le produire. Tout le reste nous est encore inconnu.