Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/333

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Ce sont les fétichistes. Citons enfin la catégorie de ceux qui désirent bien l’objet sexuel complet et normal, mais lui demandent des choses déterminées, singulières ou horribles, jusqu’à vouloir transformer le porteur de l’objet sexuel désiré en un cadavre inanimé, et ne sont pas capables d’en jouir tant qu’ils n’ont pas obéi à leur criminelle impulsion. Mais assez de ces horreurs !

L’autre grand groupe de pervers se compose d’individus qui assignent pour but à leurs désirs sexuels ce qui, chez les normaux, ne constitue qu’un acte de préparation ou d’introduction. Ils inspectent, palpent et tâtent la personne du sexe opposé, cherchent à entrevoir les parties cachées et intimes de son corps, ou découvrent leurs propres parties cachées, dans l’espoir secret d’être récompensés par la réciprocité. Viennent ensuite les énigmatiques sadiques qui ne connaissent d’autre plaisir que celui d’infliger à leur objet des douleurs et des souffrances, depuis la simple humiliation jusqu’à de graves lésions corporelles ; et ils ont leur pendant dans les masochistes dont l’unique plaisir consiste à recevoir de l’objet aimé toutes les humiliations et toutes les souffrances, sous une forme symbolique ou réelle. D’autres encore présentent une association et entrecroisement de plusieurs de ces tendances anormales, mais nous devons ajouter, pour finir, que chacun des deux grands groupes dont nous venons de nous occuper présente deux grandes subdivisions : l’une de celles-ci comprend les individus qui cherchent leur satisfaction sexuelle dans la réalité, tandis que les individus composant l’autre subdivision se contentent de la simple représentation de cette satisfaction et, au lieu de rechercher un objet réel, concentrent tout leur intérêt sur un produit de leur imagination.

Que ces folies, singularités et horreurs représentent réellement l’activité sexuelle des individus en question, — c’est là un point qui n’admet pas le moindre doute. C’est ainsi d’ailleurs que ces individus conçoivent eux-mêmes leurs sympathies et leurs goûts. Ils se rendent parfois compte qu’il s’agit là de substitutions, mais nous devons ajouter, pour notre part, que leurs folies, singularités et horreurs jouent dans leur vie exactement le même rôle que la satisfaction sexuelle normale dans la