Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/381

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certains cas, on a l’impression qu’il s’agit d’un conflit entre différentes tendances purement sexuelles ; cette apparence n’infirme en rien notre proposition, car des deux tendances sexuelles en conflit, l’une est toujours celle qui cherche, pour ainsi dire, à satisfaire le moi, tandis que l’autre se pose en défenseur prétendant préserver le moi. Nous revenons donc au conflit entre le moi et le sexualité.

Toutes les fois que la psychanalyse envisageait tel ou tel événement psychique comme un produit des tendances sexuelles, on lui objectait avec colère que l’homme ne se compose pas seulement de sexualité, qu’il existe dans la vie psychique d’autres tendances et intérêts que les tendances et intérêts de nature sexuelle, qu’on ne doit pas faire « tout » dériver de la sexualité, etc. Eh bien, je ne connais rien de plus réconfortant que le fait de se trouver pour une fois d’accord avec ses adversaires. La psychanalyse n’a jamais oublié qu’il existe des tendances non sexuelles, elle a élevé tout son édifice sur le principe de la séparation nette et tranchée entre tendances sexuelles et tendances se rapportant au moi et elle a affirmé, sans attendre les objections, que les névroses sont des produits, non de la sexualité, mais du conflit entre le moi et la sexualité. Elle n’a aucune raison plausible de contester l’existence ou l’importance des tendances du moi lorsqu’elle cherche à dégager et à définir le rôle des tendances sexuelles dans la maladie et dans la vie. Si elle a été amenée à s’occuper en première ligne des tendances sexuelles, ce fut parce que les névroses de transfert ont fait ressortir ces tendances avec une évidence particulière et ont ainsi offert à son étude un domaine que d’autres avaient négligé.

De même, il n’est pas exact de prétendre que la psychanalyse ne s’intéresse pas au côté non sexuel de la personnalité. C’est la séparation entre le moi et la sexualité qui a précisément montré avec une clarté particulière que les tendances du moi subissent, elles aussi, un développement significatif qui n’est ni totalement indépendant de la libido, ni tout à fait exempt de réaction contre elle. On doit à la vérité de dire que nous connaissons le développement du moi beaucoup moins bien que celui de la libido, et la raison en est dans le fait que c’est seulement