Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/397

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est attaché à un certain moment déterminé de son passé ; il s’agit d’une période dans laquelle sa libido n’était pas privée de satisfaction, d’une période où il était heureux. Il cherche dans son passé, jusqu’à ce qu’il trouve une pareille période, dût-il pour cela remonter jusqu’à sa toute première enfance, telle qu’il s’en souvient ou se la représente d’après des indices ultérieurs. Le symptôme reproduit d’une manière ou d’une autre cette satisfaction de la première enfance, satisfaction déformée par la censure qui naît du conflit, accompagnée généralement d’une sensation de souffrance et associée à des facteurs faisant partie de la prédisposition morbide. La satisfaction qui naît du symptôme est de nature bizarre. Nous faisons abstraction du fait que la personne intéressée éprouve cette satisfaction comme une souffrance et s’en plaint : cette transformation est l’effet du conflit psychique sous la pression duquel le symptôme a dû se former. Ce qui fut jadis pour l’individu une satisfaction, doit précisément aujourd’hui provoquer sa résistance ou son aversion. Nous connaissons un exemple peu apparent, mais très instructif de cette transformation de sensations. Le même enfant qui absorbait autrefois avec avidité le lait du sein maternel manifeste quelques années plus tard une forte aversion pour le lait, aversion que l’éducation a beaucoup de difficulté à vaincre. Cette aversion s’aggrave parfois et va jusqu’au dégoût, lorsque le lait ou la boisson mélangée avec du lait sont recouverts d’une mince peau. Il est permis de supposer que cette peau réveille le souvenir du sein maternel jadis si ardemment désiré. On doit, ajouter d’ailleurs que dans l’intervalle se place le sevrage et son action traumatique.

Mais il est encore une autre raison pour laquelle les symptômes nous paraissent singuliers et, en tant que moyen de satisfaction libidineuse, incompréhensibles. Ils ne nous rappellent que ce dont nous attendons généralement et normalement une satisfaction. Ils font le plus souvent abstraction de l’objet et renoncent ainsi à tout rapport avec la réalité extérieure. Nous disons que c’est là une conséquence du renoncement au principe de réalité et du retour au principe de plaisir. Mais il y a là aussi un retour à une sorte d’auto-érotisme élargi, à