Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/463

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c’est d’elle que partent les refoulements de désirs inadmissibles. En se désagrégeant sous l’influence de la manie d’observation, elle nous révèle ses origines : influences exercées par les parents, les éducateurs, l’ambiance sociale ; identification avec quelques-unes des personnes dont on a subi le plus l’influence.

Tels seraient quelques-uns des résultats obtenus grâce à l’application de la psychanalyse aux affections narcissiques. Je reconnais qu’ils ne sont pas nombreux et qu’ils manquent souvent de cette netteté qui ne s’obtient que lorsqu’on est bien familiarisé avec un nouveau domaine. Nous sommes redevables de ces résultats à l’utilisation de la notion du libido du moi ou libido narcissique, qui nous a permis d’étendre aux névroses narcissiques les données que nous avait fournies l’étude des névroses de transfert. Et maintenant, vous vous demandez sans doute s’il ne serait pas possible d’arriver à un résultat qui consisterait à subordonner à la théorie de la libido tous les troubles des affections narcissiques et des psychoses si ce n’est pas en fin de compte le facteur libidineux de la vie psychique qui serait responsable de la maladie, sans que nous puissions invoquer une altération dans le fonctionnement des instincts de conservation. Or, la réponse à cette question ne me paraît pas urgente et, surtout, elle n’est pas assez mûre pour qu’on se hasarde à la formuler. Laissons se poursuivre le progrès du travail scientifique et attendons patiemment. Je ne serais pas étonné d’apprendre un jour que le pouvoir pathogène constitue effectivement un privilège des tendances libidineuses et que la théorie de la libido triomphe sur toute la ligne, depuis les névroses actuelles les plus simples jusqu’à l’aliénation psychotique la plus grave de l’individu. Ne savons-nous pas que ce qui caractérise la libido, c’est son refus de se soumettre à la réalité cosmique, à l’ananké ? Mais il me paraît tout à fait vraisemblable que les tendances du moi, entraînées par les impulsions pathogènes de la libido, éprouvent elles aussi des troubles fonctionnels. Et si j’apprends un jour que dans les psychoses graves les tendances du moi elles-mêmes peuvent présenter des troubles primaires, je ne -verrais nullement dans ce fait un écart de la direction générale de nos recherches. Mais c’est là une question