Aller au contenu

Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/77

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

constituent de petits signes révélateurs d’autres processus psychiques, plus importants, qu’ils sont des actes psychiques au sens complet du mot. Mais je n’ai pas l’intention de m’attarder à cet agrandissement du domaine des phénomènes psychiques : je préfère reprendre l’analyse des actes manqués qui posent devant nous avec toute la netteté désirable les questions les plus importantes de la psychanalyse.

Les questions les plus intéressantes que nous ayons formulées à propos des actes manqués, et auxquelles nous n’ayons pas encore fourni de réponse, sont les suivantes : nous avons dit que les actes manqués résultent de l’interférence de deux intentions différentes, dont l’une peut être qualifiée de troublée, l’autre de perturbatrice ; or, si les intentions troublées ne soulèvent aucune question, il nous importe de savoir, en ce qui concerne les intentions perturbatrices, en premier lieu quelles sont ces intentions qui s’affirment comme susceptibles d’en troubler d’autres et, en deuxième lieu, quels sont les rapports existant entre les troublées et les perturbatrices.

Permettez-moi de prendre de nouveau le lapsus pour le représentant de l’espèce entière et de répondre d’abord à la deuxième de ces questions.

Il peut y avoir entre les deux intentions un rapport de contenu, auquel cas l’intention perturbatrice contredit l’intention troublée, la rectifie ou la complète. Ou bien, et alors le cas devient plus obscur et plus intéressant, il n’y a aucun rapport entre les contenus des deux tendances.

Les cas que nous connaissons déjà et d’autres analogues nous permettent de comprendre sans peine le premier de ces rapports. Presque dans tous les cas où on dit le contraire de ce qu’on veut dire, l’intention perturbatrice exprime une opposition à l’égard de l’intention troublée, et l’acte manqué représente le conflit entre ces deux tendances inconciliables. « Je déclare la séance ouverte, mais j’aimerais mieux la clore », tel est le sens du lapsus commis par le président. Un journal politique, accusé de corruption, se défend dans un article qui devait se résumer dans ces mots : « Nos lecteurs nous sont témoins que nous avons toujours défendu le bien général de la façon la plus désintéressée. » Mais le rédac-