Page:Freud - Introduction à la psychanalyse (trad. Jankélévitch), 1923.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

par la personne même qui parle ; en outre, dans le premier de ces groupes, la tendance perturbatrice se révèle immédiatement avant le lapsus. Mais, aussi bien dans le premier groupe que dans le second, la tendance en question se trouve refoulée. Comme la personne qui parle s’est décidée à ne pas la faire apparaître dans le discours, elle commet un lapsus, c’est-à-dire que la tendance refoulée se manifeste malgré la personne, soit en modifiant l’intention avouée, soit en se confondant avec elle, soit enfin, en prenant tout simplement sa place. Tel est donc le mécanisme du lapsus.

Mon point de vue me permet d’expliquer par le même mécanisme les cas du troisième groupe. Je n’ai qu’à admettre que la seule différence qui existe entre mes trois groupes consiste dans le degré de refoulement de l’intention perturbatrice. Dans le premier groupe, cette intention existe et est aperçue de la personne qui parle, avant sa manifestation ; c’est alors que se produit le refoulement dont l’intention se venge par le lapsus. Dans le deuxième groupe, le refoulement est plus accentué et l’intention n’est pas aperçue avant le commencement du discours. Ce qui est étonnant, c’est que ce refoulement, assez profond, n’empêche pas l’intention de prendre part à la production du lapsus. Cette situation nous facilite singulièrement l’explication de ce qui se passe dans le troisième groupe. J’irai même jusqu’à admettre qu’on peut saisir dans l’acte manqué la manifestation d’une tendance, refoulée depuis longtemps, depuis très longtemps même, de sorte que la personne qui parle ne s’en rend nullement compte et est bien sincère lorsqu’elle en nie l’existence. Mais même en laissant de côté le problème relatif au troisième groupe, vous ne pouvez pas ne pas adhérer à la conclusion qui découle de l’observation d’autres cas, à savoir que le refoulement d’une intention de dire quelque chose constitue la condition indispensable d’un lapsus.

Nous pouvons dire maintenant que nous avons réalisé de nouveaux progrès quant à la compréhension des actes manqués. Nous savons non seulement que ces actes sont des actes psychiques ayant un sens et marqués d’une intention, qu’ils résultent de l’interférence de deux intentions différentes, mais aussi qu’une de ces intentions