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CHAPITRE V
DIFFICULTÉS ET PREMIÈRES APPROCHES


On découvrit un jour que les symptômes morbides de certains nerveux ont un sens[1]. Ce fut là le point de départ du traitement psychanalytique. Au cours de ce traitement, on constata que les malades alléguaient des rêves en guise de symptômes. On supposa alors que ces rêves devaient également avoir un sens.

Au lieu cependant de suivre l’ordre historique, nous allons commencer notre exposé par le bout opposé. Nous allons, à titre de préparation à l’étude des névroses, démontrer le sens des rêves. Ce renversement de l’ordre d’exposition est justifié par le fait que non seulement l’étude des rêves constitue la meilleure préparation à celle des névroses, mais que le rêve lui-même est un symptôme névrotique, et un symptôme qui présente pour nous l’avantage inappréciable de pouvoir être observé chez tous les gens, même chez les bien portants. Et alors même que tous les hommes seraient bien portants et se contenteraient de faire des rêves, nous pourrions, par l’examen de ceux-ci, arriver aux mêmes constatations que celles que nous obtenons par l’analyse des névroses.

C’est ainsi que le rêve devient un objet de recherche psychanalytique. Phénomène ordinaire, phénomène auquel on attache peu d’importance, dépourvu en apparence de toute valeur pratique, comme les actes manqués avec lesquels il a ce trait commun qu’il se produit chez les gens bien portants, le rêve s’offre à nos investigations dans des conditions plutôt défavorables. Les actes manqués étaient seulement négligés par la science et on s’en était peu soucié ; mais, à tout prendre, il n’y avait

  1. Joseph Breuer, en 1880-1882. Voir à ce sujet les conférences que j’ai faites en Amérique en 1909 (Cinq conférences sur la Psychanalyse, trad. franç. par Yves Le Lay. Payot, Paris, 1921).