Page:Freud - Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch, 1922.djvu/108

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Dans le procédé psychothérapeutique dont je me sers pour désagréger et supprimer les symptômes névrotiques, je me trouve très souvent amené à rechercher dans les discours et les idées en apparence accidentels, exprimés par le malade, un contenu qui, tout en cherchant à se dissimuler, ne s’en trahit pas moins, à l’insu du patient, sous les formes les plus diverses. Le lapsus rend souvent, sous ce rapport, les services les plus précieux, ainsi que j’ai pu m’en convaincre par des exemples très instructifs et, à beaucoup d’égards, très bizarres. Tel malade parle, par exemple, de sa tante qu’il appelle sans difficulté et sans s’apercevoir de son lapsus, « ma mère », telle femme parle de son mari, en l’appelant « frère ». Dans l’esprit de ces malades, la tante et la mère, le mari et le frère se trouvent ainsi « identifiés », liés par une association, grâce à laquelle ils s’évoquent réciproquement, ce qui signifie que le malade les considère comme représentant le même type. Ou bien : un jeune homme de 20 ans se présente à ma consultation en me déclarant « Je suis le père de N. N. que vous avez soigné…… Pardon, je veux dire que je suis son frère ; il a quatre ans de plus que moi. » Je comprends que par ce lapsus il veut dire que, comme son frère, il est malade par la faute du père, que, tout comme son frère, il vient chercher la guérison, mais que c’est le père dont le cas est le plus urgent. D’autres fois, une combinaison de mots inaccoutumée, une expression forcée en apparence suffisent à révéler l’action d’une idée réprimée sur le discours du malade, dicté par des mobiles tout différents.

C’est ainsi que dans les troubles de la parole, qu’ils soient gros ou fins, mais tant qu’ils peuvent être rangés dans la catégorie des « lapsus », je retrouve l’influence, non de l’action de contact exercée par les sons les uns sur les autres, mais d’idées extérieures à l’intention qui dicte le discours, la découverte de ces idées suffisant à expliquer l’erreur commise. Je ne conteste