Page:Freud - Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch, 1922.djvu/121

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« il s’agit d’une femme mariée qui aime entendre raconter des anecdotes et ne dédaigne pas les aventures extraconjugales, lorsqu’elles sont récompensées par des cadeaux en conséquence. Un jour, un jeune homme qui sollicite ses faveurs lui raconte, non sans intention, l’histoire suivante bien connue : « Un négociant sollicite les faveurs de la femme, quelque peu prude, de son associé et ami ; elle lui promet enfin de lui céder, en échange d’une somme de mille florins. Le mari de la dame devant s’absenter sur ces entrefaites, l’associé lui emprunte mille florins en lui promettant de les rembourser le lendemain même à sa femme. Il va sans dire qu’en remettant à celle-ci la somme en question, il lui fait croire que cette somme, dont il tait naturellement la provenance, représente le cadeau promis. Lorsque le mari, à son retour, lui réclame les mille florins que devait lui remettre son associé, elle se croit découverte, et l’histoire se termine pour elle non seulement par un préjudice matériel, mais encore par un affront. » — Lorsque le jeune homme, au cours de son récit, en est arrivé au passage où le séducteur dit à son associé : « je rembourserai demain cet argent à ta femme », son auditrice l’interrompt par ces mots significatifs : « Dites donc, ne me l’avez-vous pas déjà remboursé… pardon, je voulais dire : raconté ? » Elle ne pouvait guère avouer plus nettement, à moins de l’exprimer directement, qu’elle était toute disposée à se donner dans les mêmes conditions. »

M. V. Tausk publie (dans Internat. Zeitschr. f. Psychoanal., IV, 1916) un beau cas d’aveu involontaire, avec solution inoffensive, sous ce titre : La foi des pères.

« Comme ma fiancée était chrétienne, raconte M. A., et ne voulait pas se convertir au judaïsme, j’ai été obligé, pour pouvoir me marier, de me convertir du judaïsme au christianisme. Ce n’est pas sans une résistance intérieure que j’ai changé de