Page:Freud - Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch, 1922.djvu/132

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manquant de clarté, exposées sans assurance, comme avec une arrière-pensée de critique[1].

Depuis la première publication de ce livre, des amis et collègues étrangers ont commencé à prêter attention aux lapsus qu’ils pouvaient observer dans leurs pays respectifs. Ainsi qu’on pouvait s’y attendre, ils ont découvert que les lois du lapsus sont les mêmes dans toutes les langues. Aussi ont-ils pu recourir avec succès aux mêmes interprétations que celles dont j’ai usé moi-même dans mes propres exemples. Je ne citerai ici qu’un exemple entre mille :

« Le Dr A. A. Brill (de New York) raconte : « A friend described to me a nervous patient and wished to know whether I could remove benefit him. I remarked, I believe that in time I could remove all his symptoms by psycho-analysis because it is a durable case wishing to say « curable ! » « ( A contribution to the Psychopathology of Everyday Life », in Psychotherapy, vol. III, N 1, 1909).

Pour finir, je vais ajouter pour les lecteurs qui ne craignent pas un effort et sont quelque peu familiarisés avec la psychanalyse, un exemple qui montre jusqu’à quelles profondeurs de l’âme peut conduire l’analyse d’un lapsus.

L. Jekels (Internat. Zeitschr. f. Psychoanalyse, I, 1913) :

« Le 11 décembre une dame de nos amies m’interpelle en polonais sur un ton quelque peu provoquant et insolent : « Pourquoi ai-je dit aujourd’hui que j’avais douze doigts ? »

« Elle reproduit, sur mon invitation, la scène au cours de laquelle elle a fait cette observation. Elle se disposait à sortir, pour faire une visite, avec sa fille, une démente précoce en état de rémission, à laquelle


  1. Ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement
    Et les mots pour le dire arrivent aisément.
    Boileau, Art poétique.