Page:Freud - Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch, 1922.djvu/156

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avec un mal de tête qui lui fait regretter sa faiblesse de la veille. Ayant à inscrire le nom d’une malade qui s’appelait Ethel, il écrit Ethyl[1]. Il faut dire aussi que cette dame avait l’habitude de boire plus qu’il ne convenait.

Comme les erreurs qu’un médecin peut commettre en formulant des ordonnances ont une portée qui dépasse de beaucoup l’importance pratique des actes manqués ordinaires, je profite de l’occasion pour rapporter en détail la seule analyse publiée jusqu’à ce jour, d’un lapsus calami de ce genre (Internation. Zeitschr. f. Psychoanalyse, I, 1913).

Un cas de lapsus à répétition dans la rédaction d’ordonnances (communiqué par le Dr Hitschmann).

« Un collègue m’a raconté qu’il lui est arrivé à plusieurs reprises, au cours de l’année, de se tromper de dose en prescrivant un certain médicament, et chaque fois il s’agissait de malades du sexe féminin, d’un âge avancé. Par deux fois il a prescrit une dose dix fois trop forte et, s’en étant souvenu ensuite et craignant un accident pour la malade et des ennuis pour lui-même, il a été obligé de se précipiter chez celle-ci pour retirer l’ordonnance. Cette action symptomatique singulière mérite d’être analysée de près, et nous allons le faire en donnant les détails de chaque cas.

1er cas : A une pauvre femme déjà âgée, atteinte de diarrhée spasmodique, le médecin prescrit des suppositoires de belladone contenant une dose dix fois trop forte du médicament actif. Il quitte la polyclinique et une heure après, alors qu’il est chez lui en train de déjeuner et de lire son journal, il se souvient tout à coup de son erreur ; anxieux, il se rend d’abord à la polyclinique, pour s’enquérir de

  1. Alcool éthylique.