Page:Freud - Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch, 1922.djvu/166

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de cette fatale erreur typographique. » (Communiqué par A. J. Storfer.)

J’ai lu moi-même récemment dans les journaux viennois un article dont le titre : « La Bukovine sous la domination roumaine » était tout au moins prématuré, car à l’époque où cet article fut publié, la Roumanie n’était pas encore en guerre avec nous. Étant donné le contenu de l’article il aurait dû avoir pour titre : « La Bukovine sous la domination russe », mais le censeur lui-même a trouvé sans doute le titre imprimé tellement naturel qu’il le laissa passer sans objection.

Wundt donne une explication très intéressante du fait facile à vérifier que nous commettons plus facilement des lapsus calami que des lapsus linguae (l. c., p. 374) : « Pendant le discours normal, la fonction inhibitrice de la volonté tend constamment à maintenir l’accord entre la succession des représentations et les mouvements d’articulation. Lorsque le mouvement d’expression qui suit les représentations est ralenti par des causes mécaniques, comme c’est le cas lorsqu’on écrit… les anticipations dans le genre de celles dont nous venons de parler se produisent facilement. »

L’observation des conditions dans lesquelles se produisent des erreurs de lecture fait naître un doute que je ne puis passer sous silence, car il peut devenir, à mon avis, le point de départ de fécondes recherches. Chacun sait combien souvent il arrive que, dans la lecture à haute voix, l’attention du lecteur abandonne le texte pour suivre ses propres idées. Il résulte de cette dérivation de l’attention que le lecteur est souvent incapable de dire ce qu’il a lu, lorsqu’on l’interrompt et le questionne à ce sujet. Il a donc fait sa lecture d’une façon automatique, bien que correctement. Je ne crois pas que ces conditions soient de nature à multiplier les erreurs de lecture. Nous savons,