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CHAPITRE VII

OUBLI D’IMPRESSIONS ET DE PROJETS


A celui qui serait tenté de vanter l’état de nos connaissances actuelles concernant la vie psychique, il n’y aurait qu’à rappeler l’ignorance où nous sommes en ce qui concerne la fonction de la mémoire, pour lui donner une leçon de modestie. Aucune théorie psychologique n’a encore été capable de donner une explication d’ensemble du phénomène fondamental du souvenir et de l’oubli ; et même l’analyse complète de ce qui est effectivement observé est encore à peine commencée. L’oubli nous est peut-être devenu plus énigmatique que le souvenir, depuis que l’étude du rêve et de phénomènes pathologiques nous a appris que même les choses que nous croyons avoir depuis longtemps oubliées peuvent subitement réapparaître dans notre conscience.

Nous sommes toutefois en possession de quelques points de vue, peu nombreux il est vrai, mais qui, nous l’espérons, ne tarderont pas à être universellement reconnus. Nous considérons que l’oubli est un processus spontané, au déroulement duquel nous pouvons attribuer une certaine durée. Nous faisons ressortir le fait que, dans l’oubli, il se produit une certaine sélection entre les diverses impressions qui se présentent, ainsi qu’entre les détails de chaque impression et de chaque événement vécu. Nous connaissons quelques-unes des conditions qui sont nécessaires pour que se maintienne dans la mémoire et pour que puisse être évoqué ce qui, en l’absence de ces conditions, serait oublié. Mais dans d’innombrables occasions de