Page:Freud - Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch, 1922.djvu/38

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interne qui, pendant que nous étions sous l’empire du désir, ne pouvait se manifester que par un lapsus, un oubli, une impuissance psychique.

« Dans une réunion, quelqu’un prononce la phrase : « tout comprendre, c’est tout pardonner. » Je remarque à ce propos que la première partie de la phrase suffit ; vouloir « pardonner », c’est émettre une présomption, le pardon étant affaire de Dieu et de ses serviteurs. Un des assistants trouve mon observation très bien ; je me sens encouragé et, voulant sans doute justifier la bonne opinion du critique indulgent, je déclare avoir eu récemment une idée encore plus intéressante. Je veux exposer cette idée, mais n’arrive pas à m’en souvenir. Je me retire aussitôt et commence à écrire les libres associations qui me viennent à l’esprit. Ce sont d’abord le nom de l’ami qui a assisté à la naissance de l’idée en question et celui de la rue où elle est née ; puis me vient à l’esprit le nom d’un autre ami, Max, que nous avons l’habitude d’appeler Maxi. Ceci me suggère le mot maxime et, à ce propos, je me souviens qu’il s’agissait alors, comme cette fois, de la modification d’une maxime connue. Mais, chose singulière, ce souvenir fait surgir dans mon esprit, non une maxime, mais ce qui suit : « Dieu a créé l’homme à son image » et la variante de cette phrase : « L’homme a créé Dieu à son image à lui. » A la suite de quoi, je retrouve aussitôt dans mes souvenirs ce que je cherchais :

« Mon ami me dit alors dans la rue Andrassy : « rien de ce qui est humain ne m’est étranger », à quoi je lui répondis, faisant allusion aux expériences psychanalytiques : « Tu devrais aller plus loin et avouer que rien de bestial ne t’est étranger. »

« Après avoir enfin retrouvé mon souvenir, je m’aperçus qu’il ne m’était guère possible d’en faire part à la société dans laquelle je me trouvais. La jeune femme de l’ami auquel j’ai rappelé la nature animale de notre inconscient se trouvait parmi les assistants, et