Page:Freud - Psychopathologie de la vie quotidienne, trad. Jankélévitch, 1922.djvu/55

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une ressemblance tonale plus ou moins éloignée avec des noms italiens. C’est ainsi que je cherchais un jour à me rappeler le nom de la ville morave Bisenz. Lorsque j’y suis enfin parvenu, après beaucoup de difficultés, je m’aperçus aussitôt que mon oubli devait être mis sur le compte du palais Bisenzi, à Orvieto. Dans ce palais se trouve l’Hôtel « Belle Arti », dans lequel je descendais toutes les fois que je faisais un séjour à Orvieto. Les souvenirs infiniment agréables que j’ai emportés de ces séjours avaient naturellement subi une éclipse sous l’influence d’un changement survenu dans mon état d’âme.

Et, maintenant, il ne sera peut-être pas sans intérêt d’examiner sur quelques exemples les intentions que l’oubli de noms est susceptible de satisfaire.


1. Oublis de noms ayant pour but d’assurer l’oubli d’un projet.

o) A. J. Storfer ( « Zur Psychopathologie des Alltags », Internationale Zeitschr. f. Psychoanalyse, II, 1914).

« Une dame bâloise apprend un matin que son amie d’enfance, Selma X., de Berlin, faisant son voyage de noces, est arrivée à Bâle où elle ne doit rester qu’un seul jour. Aussitôt la Bâloise de se précipiter à l’hôtel. En sortant, les deux amies conviennent de se retrouver l’après-midi et de ne plus se séparer jusqu’au départ de la Berlinoise.

« L’après-midi, la Bâloise oublie le rendez-vous. Le déterminisme de cet oubli ne m’est pas connu, mais la situation à laquelle nous avons à faire (rencontre avec une amie d’enfance tout fraîchement mariée) rend possibles plusieurs constellations typiques, susceptibles de s’opposer à une nouvelle rencontre. Une particularité intéressante de ce cas consiste dans un acte manqué accompli ultérieurement, dans l’in-