matériaux, à la durée et au centre autour duquel ils évoluent, sont d’autant plus de nature à nous faire espérer que nous allons découvrir un principe important et applicable aussi bien à l’oubli de noms qu’aux souvenirs de couverture. Ce principe général serait le suivant l’arrêt de fonctionnement ou le fonctionnement défectueux de la faculté de reproduction révèlent plus souvent qu’on ne le soupçonne l’intervention d’un facteur partial, d’une tendance, qui favorise tel souvenir ou cherche à s’opposer à tel autre.
La question des souvenirs d’enfance me paraît tellement importante et intéressante que je voudrais lui consacrer encore quelques remarques qui dépassent les points de vue en vigueur jusqu’à présent.
Jusqu’à quel âge remontent nos souvenirs d’enfance ? Il existe, à ma connaissance, quelques recherches sur la question, notamment celles de V. et C. Henri[1] et de Potwin[2], d’où il ressort qu’il existe à cet égard de grandes différences individuelles, certains sujets faisant remonter leur premier souvenir à l’âge de six mois, tandis que d’autres ne se rappellent aucun événement de leur vie antérieur à la sixième et même à la huitième année. Mais à quoi tiennent ces différences et quelle est leur signification ? Il ne suffit évidemment pas de réunir par une enquête en grand les matériaux se rapportant à la question ; ces matériaux doivent être encore élaborés, et chaque fois avec le concours et la participation de la personne intéressée.
A mon avis, on a tort d’accepter comme un fait naturel le phénomène de l’amnésie infantile, de l’absence de souvenirs se rapportant aux premières années. On devrait plutôt voir dans ce fait une singulière énigme. On oublie que même un enfant de quatre ans est capable d’un travail intellectuel très intense et d’une vie affective très compliquée, et on devrait