psychiques intervenues ultérieurement. C’est ainsi que les « souvenirs d’enfance » acquièrent, d’une manière générale, la signification de « souvenirs de couverture » et, en même temps, une remarquable analogie avec les souvenirs d’enfance des peuples, tels qu’ils sont figurés dans les mythes et les légendes.
Tous ceux qui ont eu l’occasion de pratiquer la psychanalyse sur un certain nombre de personnes, ont certainement réuni un grand nombre d’exemples de « souvenirs de couverture » de toutes sortes. Mais la communication de ces exemples est rendue extraordinairement difficile par la nature même des rapports qui, ainsi que nous l’avons montré, existent entre les souvenirs d’enfance et la vie ultérieure ; pour découvrir dans un souvenir d’enfance un « souvenir de couverture », il faudrait souvent faire dérouler devant les yeux de l’expérimentateur toute la vie de la personne examinée. On ne réussit que rarement à exposer un souvenir d’enfance isolé, en le détachant de l’ensemble. En voici un exemple très intéressant :
Un jeune homme de 24 ans garde de sa cinquième année le souvenir du tableau suivant. Il est assis, dans le jardin d’une maison de campagne, sur une petite chaise à côté de sa tante, occupée à lui inculquer la connaissance de l’alphabet. La distinction entre m et n lui offre beaucoup de difficultés, et il prie la tante de lui dire comment on peut reconnaître l’un et l’autre. La tante attire son attention sur ce fait que la lettre m a un jambage de plus que la lettre n. — Il n’y avait aucune raison de contester l’authenticité de ce souvenir d’enfance ; mais la signification de ce souvenir ne s’est révélée que plus tard, lorsqu’on a constaté qu’il était possible de l’interpréter comme une représentation (substitutive) symbolique d’une autre curiosité de l’enfant. Car, de même qu’il voulait connaître alors la différence entre m et n, il chercha plus tard à apprendre la différence qui existe entre garçon et fille et aurait volontiers accepté d’être instruit en