Page:Froger - À genoux, 1878.djvu/118

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Que le ciel a jeté sur nos rudes chemins.
Je vous donne mon cœur, mes entrailles, mes mains,
Mes yeux, et tout mon rêve ardent, et tout mon être,
Afin que vous puissiez encor me reconnaître
Après que je serai couché dans le tombeau,
Et que vous m’éclairiez à votre grand flambeau,
Et que vous livriez à mes regards paisibles
Vos secrets les plus chers et les plus invisibles.
Je vous conjure, Esprit superbe, par Agla,
Par Mathon qu’autrefois un rayon aveugla,
De me montrer le fond des ombres souterraines,
Ô Reine généreuse entre toutes les Reines,
Et de faire que, d’heure en heure descendant
Plus avant dans la nuit morne de l’occident,
Je puisse habituer mon âme à l’ombre noire
Et, par ce long pays de tristesse et de gloire
Où votre amour m’aura bien vite acclimaté,
Descendre jusqu’à vous sans être épouvanté.