Page:Froger - À genoux, 1878.djvu/169

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Nous allions dans cette forêt,
Elle devant et moi derrière,
Vers une invisible clairière
Dont la chaleur nous attirait.

Ses cheveux s’accrochaient aux branches
Et ses petits pieds aux chardons.
Je lui disais : « Nous nous perdons ! »
Je ne voyais plus ses mains blanches.

Elle allait plus vite que moi,
Ayant toujours eu l’habitude
De l’ombre et de la solitude,
Où son cœur trône comme un roi.

« Oh ! nous nous perdons ! » lui criais-je.
Et je l’appelais par son nom,
Elle me disait toujours : « Non »
Je ne sais par quel sortilége

Je fus forcé de m’arrêter.
Alors je m’assis sur la terre,
Douloureux, muet, solitaire,
Et je me mis à sanglotter.