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XXVIII

SILENCE


Ils venaient chaque soir, graves, sous les feuillages,
Chercher l’ombre qui sied aux amours douloureux,
Ils ne se disaient rien pendant ces longs voyages,
Laissant à leurs deux cœurs farouches et sauvages
Le soin de se comprendre et de parler pour eux.

Leurs corps étincelants de jeunesse et de grâce
S’accouplaient dans la nuit sous les cieux empourprés,
Tandis que, doucement réveillés dans l’espace,
Les arbres autour d’eux se parlaient à voix basse
Et se montraient du doigt leurs fronts décolorés.