Page:Froger - À genoux, 1878.djvu/92

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Oh ! quand j’aurai vécu de longues heures, loin
De toi qui m’as déjà relégué dans mon coin,
Et quand, morne vieillard usé par un long jeûne,
Je me rappellerai les temps où j’étais jeune,
Songeant à toi dont la tristesse m’a vaincu,
Oh ! quel dégoût profond j’aurai d’avoir vécu !
Et qui sait si, brisé par tes ingratitudes,
Après Les voluptés cherchant les solitudes,
Je ne m’en irai pas dans le fond des forêts
Disparaître, comme à présent tu disparais,
Et conter lentement, avec des cris étranges,
Aux grands arbres pensifs et bons comme des Anges
L’antique désespoir de mon cœur refermé ?
Mais qui donc seulement saura que je t’aimai ?