Aller au contenu

Page:Froissart - Œuvres de Froissart, Chroniques, Tome 1, 1873.djvu/517

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

les ont et tiennent et n’en ont cognoissance. Dont cilz tres haus Sires si fait decheoir et fondre touz ytels biens si mal desservis et si mal cogneuz en plusieurs manieres comme par maladies, dont il en disent tout leur temps et en perdent les gloires qu’il en avoient, tant des biens, des graces et des honnours qui tantost et en po de heure sont oublié et po ramenteu, et les hautesces et poissances sont tantost confondues par force d’anemis qui leur croissent, dont il sont abaissié de celle hautesse et amaindri durement de celle poissance. Et quant de la beauté de legier est effaciee et tantost passee, et pour ce donne Nostre Seigneur beauté es malvais pour ce que les bons ne cuident que ce soit trop grant chose. Et du sens vous devez estre certains que quant Nostre Sires veult grever les saiges qui ne le recognoissent, il leur oste le sens comme poissans de l’oster ainsi comme il est poissans de le donner. Et des preudommies, dont li aucun pourroient avoir celle fol crëance qu’il ne pechassent ne peussent pechier, yceste fole crëance les fait cheoir de leur entencion, car a eulz ne doivent il mie appliquier ceste grace, mais a Dieu le tout poissant qui les donne et a qui l’en les doit regracier et requerir. Et se autrement le font, il cheent ou gouvernement et en la poissance du dyable qui les maine a pechié et a dempnacion. Et des prouesces qui a grant paine et a grant peril sont acquises et par plusieurs annees, et en un seule heure les peut l’en toutes perdre et a l’on perdues pour deffaute de recognoissance de celi qui les avoit donnees. Mes honte est si acoustumee et honnour si po cogneue ou temps de maintenant que l’on n’y fait compte. Mais ceulz qui mettent paine de acquerir cestes honorables proesces et ceulz que Dieux a donné grace de les avoir acquises bien doivent tout leur temps regracier et mercier, loer et honorer Nostre Seigneur, prier et requerir humblement que ainsi comme il leur a donnees et faiz, que il ne leur veille retollir ne deffaire pour leurs dessertes. Et pour ce que vous aiez cognoissance certaine et ferme es choses dessus dictes, que nul ne se doit tenir fermes ne seürs de bien qu’il ait en soy qu’il en puisse