Page:Froissart - Les Chroniques de Sire Jean Froissart, revues par Buchon, Tome II, 1835.djvu/297

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
[1383]
291
LIVRE II.

messire Jean de Hollande, frère du roi, et messire Thomas de Percy, et autres du conseil du roi et du pays d’Angleterre vinrent à Calais, ayant pleine puissance de par le pays d’Angleterre de faire paix ou donner trèves à leur volonté.

D’autre part vinrent à Boulogne le duc de Berry, le duc de Bourgogne, l’évêque de Laon et le chancelier de France[1], ayans aussi pleine puissance, de par le roi de France et son conseil, de faire paix aux Anglois, ou de donner trèves à leur volonté.

Quand toutes ces parties furent assemblées à Calais et à Boulogne, on surattendit encore un petit à parlamenter, pour le conseil d’Espaigne qui point n’étoit venu ; car les François ne vouloient faire nuls traités que les Espaignols n’y fussent enclos dedans. Finablement ils vinrent, de par le roi d’Espaigne et le pays, un évêque, un diacre et deux chevaliers. Or fut avisé de toutes parties et pour le plus sûr, pourtant que ils ne se osoient assurer bonnement l’un avecques l’autre, les seigneurs de France aller à Calais, ni les seigneurs d’Angleterre venir à Boulogne : que les parlemens et les traités seroient assis et mis en-mi le chemin de ces deux villes au-dessus de Wissan, en un village et une église que on appelle Lolinghen. Là vinrent toutes les parties, et là furent les seigneurs et leurs consaulx par plusieurs journées, et parlementèrent ensemble ; et là étoient le duc de Bretagne, le comte dé Flandre. Et fut là sur les champs tendue la grand’tente de Bruges ; et donna à dîner le comte de Flandre, en celle tente, au duc de Lancastre, au comte de Bouquinghen et aux seigneurs d’Angleterre ; et là furent tenus les états moult grands de l’une partie et de l’autre ; mais tout considéré et parlementé, on n’y put oncques trouver nulle paix ; car les François vouloient ravoir Guines et Calais, et toutes les forteresses que les Anglois tenoient à ce jour de çà

    leys ; et nostre chere et foial, Johan Philepot, chivaler.

    As queux, unze, dys, neof, oyt, sept, sys, cynk, quatre, troys, et deux de eux (des queux volons que nostre dit uncle soit un) nous avons donnez et commys, donnons et commettons, par cestes presentz, plein et franche poair, auctorité, et mandement espécial de treter, ovesque les ditz messages et députez de nostre dit adversaire, aiantz à ce plein et sufficiant poair et mandement, des treives et abstinences de guerre, générales ou particulières, et par tant de temps come ils porront entre accorder, etc., etc.

    Don. à nostre palays de Westm. le quart jour de novembre, l’an de grâce mille trois centz quater-vintz et tierce, et de noz regnes septisme.

    Per ipsum regem et concilium in parliamento.

  1. Le sauf-conduit rapporté par Rymer fait connaître leurs noms.

    De conductu pro Ambassatoribus Franciæ.

    Le roi à touz nos lieutenantz, conestables, mareschaux, capitains, seneschaux, baillifs, provotz, mairs, eschevins, gardeins des bones villes, chasteaux, forteresses, des pons, pors, passages, et à nos admiralx et visadmiralx, et à tous noz autres justicers, officers, et subgetz, ou à lour lieux tenantz et autres nos bien veullantz, amys, alliez, et adherents, par meer et par terre, saluz et dilection.

    Come

    À l’onour de Dieu, faisans de toute paix, et pur eschever l’effusion de sanc humain,

    Nous aians grand affection au bien de la paix être entre nous et notre adversaire de France.

    Par quoi nous fusmes assentuz au treité d’icelle ; Et pur ce que Johan duc de Berry uncle de nostre dit adversaire,

    Johan, duc de Bretaigne, ses cousins.
    Loys, conte de Flandre,

    Pierre, evesque de Laon.

    Nicolas, evesque de Baieux.

    Pierre, evesque de Maillefetz.

    Johan, conte de Santerre.

    Raoul, sire de Rayvenal.

    Arnault de Corbie, premier président en parlement.

    Anceau de Salvis, sire de Montferrant, Chivalers.
    Johan le Mercier, sire de Nomant,

    Et Johan Tabary secrétaire de nostre dit adversaire.

    Messagez deputez de nostre dit adversaire doivent venir prochainement ès parties de Picardie, si come entendu avons, à cause de dite treite.

    Nous,

    Veuillantz purveoir à la seurté de eux, de leurs gens, familiers, chivalers, esquiers, clers, varlez, chivalx, hernois, et autres biens quelconques,

    Avons pris, mis et receu, prenons, mettons et recevons, les dits ducs, contes, evesques, Raoul Arneault, Anceau, Johan, et Johan, avec leurs gens, familiers, chivalers, esquiers, clers, et varlez, jusques à nombre de çynque centz parsones, à chival ou à pié, leurs chivaux, hernois, et biens quelconques, eu nostre sauf et secure conduit, protection, tuition, sauvegarde, et defence espéciaux, en venant, alant, et passant, par nostre rioalme de France, et parties de Picardie, ou ailleurs où mester sera pur la dite treité, et là demourant, séjournant, et eux retournant vers les parties de France, par terre et par mer, ensemble, ou par parties, si come il leur plerra, et auxi sovent come ils voudront et à faire serra, tant que à la feste del purification de Nostre Dame, proschein venant.

    Et pur ceo nous mandons et commandons à vous, etc.

    Don. par tesmoignance de nostre grand seal, à nostre palays de Westm. le quart jour de mois de novembre, l’an de grâce mille trois centz quatervintz et tierce, et de noz regnes septisme.

    Par le roi et son conseil en parlement.