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LIVRE III.

gares de Versauls, le grand maître de Calestrave et son frère qui s’appeloit Damp Digho Digaras, Pierre Goussart de Mondesque, Pierre Ferrant de Valesque, Pierre Goussart de Séville, Jean Radigo de Hoies et le grand-maître de Saint-Jacqueme ; des François, messire Jean de Rie, messire Geffroy Ricon, messire Geffroy de Partenay, messire Espagnolet d’Espagne, messire Regnault du Solier, dit Lymosin, maréchal du roi de Castille ; et des Gascons de Berne, le seigneur Des Bordes, le seigneur de Marsan, seigneur de Bringoles ; messire Raymond d’Ouzach, messire Bertran de Barége, messire Jean Aseleglie, Messire Raymon de Valencin, messire Adam de Murasse, messire Mennaut de Sarement, messire Pierre de Sarembière et plusieurs autres, plus de douze cents chevaliers et écuyers tous gentils hommes. Or vous veuil-je nommer de ceux de notre côté qui furent là avecques le roi notre seigneur le roi Jean de Portingal ; et premier, le comte de Novare, connétable ; Diégue Lopes Percek, Pierre Percek et messire Jean Ferrant Percek, et Agalop Ferrant Percek son frère, qui là étoient au frein du roi ; le Pou vasse de Coingne, Eghéas Goille, le Podich d’Asvede, Vasse Martin de Merle et son fils Vasse Martin : mais il mourut là ce jour et fut féru d’un jet de une darde tout parmi le corps. Item, Gonsalves de Merle, messire Alve Perière, Jean Jeumes de Salves, Jean Radigo de Sars, don Ferrand Radigho, cousin du roi, Damp Modecoque, Radigo de Valconsiaulx et Roy Mendiguez de Valconsiaulx. »

Lors commença le duc de Lancastre à rire, et Laurentien Fougasse lui demanda : « Monseigneur, pourquoi riez-vous ? » — Pourquoi ? dit le duc ; il y a bien cause : je n’oy oncques mais nommer tant de forts noms ni si étranges comme je vous ai ici ouï nommer. » — « Par ma foi ! répondit l’escuyer, tous tels sont-ils en notre pays et encore plus étranges. » — « Je vous en crois, dit le duc. Or me dites, Laurentien, que devint le roi de Castille après cette déconfiture ? Fit-il nulle recouvrance ? S’enferma-t-il en nulles de ses bonnes villes, ni le roi de Portingal le suivit-il point à lendemain ? » — « Monseigneur, nennil ; nous demeurâmes celle nuit sur la place où la bataille avoit été, et à lendemain, jusques à nonne ou environ, et nous retournâmes au chastel le soir, que on dit à Lerie, à deux petites lieux de Juberot, et de là nous retournâmes à Connimbre. Et le roi de Castille s’en vint à Saint-Irain, et monta là en une barge, et se fit nager quatorze lieues outre, et là entra en un gros vaissel et s’en alla par mer à Séville, où la roine étoit. Et ses gens s’en allèrent les uns çà et les autres là, ainsi que gens déconfits, où ils ne pouvoient avoir nul recouvrer, car ils avoient trop perdu ; ni ce dommage point ne recouvreront de grand temps, si ce n’est par la puissance du roi de France. Et pour ce que le roi de Portingal et son conseil sait bien que il se pourchasse de ce côté[1], et que ils ont grands alliances ensemble, sommes-nous envoyés en ce pays par devers le roi d’Angleterre et vous. »

Donc répondit le duc et dit : « Laurentien, vous ne vous partirez pas sans reporter bonnes nouvelles en Portingal. Mais je vous prie que un autre rencontre que vos gens orent au champ de Séville, si comme je vous ai ouï conter, que vous le me veuilliez dire, car je oy volontiers parler d’armes, quoique je ne sois pas bon chevalier. » — « Monseigneur, répondit l’escuyer, volontiers. »

« Après celle belle journée et honorable que le roi Jean de Portingal ot à la Cabasse de Juberot, et qu’il fut retourné à grand triomphe en la cité de Lussebonne, et que on n’oyoit nulles nouvelles que Castelloins ni François se rassemblassent en Castille, mais se tenoient en garnisons, se partit le roi de Castille de Séville et sa femme et tout son ost, et s’en alla à Burges. Et

    beaucoup d’autres Gascons ; Arnaud Limousin, de Longas, de l’Épée, de Beuil, de Bordes, de Morianes, Pierre de Ber, Bertrand de Barèges, Raymond d’Ongnac, Jean Assalégié, Manant de Saramen, Pierre de Sarebières, Étienne de Valencin, Raymond de Corasse, Pierre de Hausane ; deux nobles portugais qui suivaient le parti du roi de Castille ; D. Joaò Alphonse Tello, amiral de Portugal, comte de Mayorga, et autrefois de Barcelos, frère de la reine Dona Léonore, pour qui se donnait la bataille ; D. Pedro Alvarez Pereira, maître de Calatrava, et Diego Alvarez Pereira, frère du connétable de Portugal ; Gonçalo Vasquez de Azevedo ; Alvaro Gonçalvez de Azevedo son fils ; Jean Gonçalvez, grand alcade de Obidos ; Garcia Rodriguez Taborda, grand alcade de Leiria.

  1. D. Jean de Castille expédia en effet des ambassadeurs à Charles VI, qui résolut de le secourir, en lui envoyant deux mille lances commandées par le duc de Bourbon, frère de la reine Blanche, épouse de Pierre-le-Cruel, et deux autres chevaliers, Guillaume de Neaillac et Gautier de Passac.