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DE SIRE JEAN FROISSART.

Le roy de Chippre laissa le vaissel nommé Catherine à Zandvich, ni point ne l’enmena avec lui ; car depuis, deux ans après (c’est-à-dire en 1365), je le vis là arrêté.

(T. i, p. 467.)


Il séjourne à Bordeaux en 1366 et 1367 près du Prince-Noir.

À savoir est que j’étois en la cité de Bordeaux et séant à table quand le roi Richard fut né (6 janvier 1366 anc. style et 1367 nouv. style) ; lequel vint au monde par un mercredi, sur le point de dix heures. Et, à cette heure que je dis, vint messire Richard de Pont-Chardon, maréchal pour le temps d’Aquitaine, et me dit : « Froissart, escripsez et mettez en mémoire que madame la princesse est accouchée d’un beau fils qui est venu au monde au jour des Rois. Et si est fils de roi, car son père est roi de Galipce. Le roi Dam Piètre lui a donné ; et s’en va conquérir le dit royaume. Si vient l’enfant de royale lignie. Si que par raison il sera encore roi. »

(T. iii, p. 369.)


Après avoir parlé de la querelle entre le sire d’Albret et le prince de Galles, au moment de marcher en Espagne au secours de Pierre-le-Cruel, en 1367, il ajoute :

Si crola le prince la tête et dit en anglois, comme je fus adonc informé, car j’étois lors pour ce temps à Bordeaux.

(T. i, p. 521.)


Je, qui ai dicté ceste histoire, du temps que je fus à Bordeaux et que le prince de Galles alla en Espaigne, l’orgueil des Anglois étoit si grand en l’hôtel du prince, que ils n’avisoient nulle nation fors la leur ; et ne pouvoient les gentilshommes gascons, qui le leur avoient perdu par la guerre, venir à nul office en leur pays ; et disoient les Anglois qu’ils n’en étoient tailliés ni dignes.

(T. ii, p. 447.)


Il veut accompagner le Prince-Noir en Espagne en 1367, mais retourne en Angleterre.

Vu n’avois ce roi Richard depuis qu’il fut tenu sur les fonts en l’église cathédrale de la cité de Bordeaux, car pour ces jours je y étois ; et avois l’intention d’aller au voyage d’Espaigne avec le prince de Galles, et les seigneurs qui en ce voyage furent ; mais quand nous fûmes à la cité de Dax, le prince me renvoya arrière en Angleterre devers madame sa mère.

(T. iii, p. 198.)


Il fut de l’hôtel des rois Jean et Charles.

Si fus bien de l’hôtel du roi Jean de France (mort en 1364) et du roi Charles son fils.

(T. ii, p. 601.)


Il donne les plus grands soins a la vérification des faits historiques.

Vous avez bien ci-dessus ouï recorder comment le duc de Guéries avoit défié le roi de France par défiances impétueuses et dont on parla en plusieurs manières dedans le royaume et dehors aussi, pourtant que les défiances, si comme renommée couroit, n’avoient pas été courtoises, mais hors du stile, usage et ordonnance des autres défiances. Bien est vérité que j’en vis aucunes cédulles jetées et escriptes en papier, et disoit-on que c’en étoit la propre copie. Mais, pourtant que je ne les vis ni scellées ni approuvées, ainsi que telles choses doivent être, qui touchent si grandement que d’un petit prince, au regard du roi de France avoir défié si haut, si noble et si puissant roi que le roi de France, je n’y ajoutai point de foi ni de crédence. Nequedent, on montra bien depuis au royaume que les défiances déplaisoient, et qu’on vouloit qu’il fût amendé, et que ce duc de Guerles s’excusât des impétueuses paroles qui en la défiance étoient contenues.

(T. ii, p. 678.)


En ce temps que ces traités se faisoient et approchoient (en 1387), trépassa de ce siècle à son hôtel à Avesnes en Hainaut, messire Guy de Chastillon, comte de Blois, et fut porté à Valenciennes et ensepveli en une chapelle à Saint-François, église des frères mineurs ; et la chapelle où il fut premièrement mis est nommée la chapelle d’Artois. Vérité est qu’il en faisoit faire une très belle et très noble au pourpris du clos desdits frères, et assez près de là où il cuidoit gésir. Mais ce comte de Blois mourut si endetté de toutes parts, et si petite ordonnance fut de ses biens, que le sien, rentes et revenues, ne purent fournir ses dettes ; et convint la comtesse de Blois sa femme, Marie de Namur, renoncer a tous meubles. Ni elle n’osa accepter le testament, ni point ne le trouva à son conseil ; et se trait la dite dame à son douaire de la terre de Chimay